page suivante »
BULLETIN THEATRAL. 175 Le Casino des Arts, qui vient de s'ouvrir rue Centrale, grâce aux sacrifices et au bon goût d'un de nos jeunes compatriotes, a fait, devant un public d'élite, son inauguration par un brillant concert dont Mme Pleyel était mel'élément capital. Elle a partagé les honneurs de la soirée avec M Julienne et M. Michel. Nous ne sommes pas de ceux qui trouvent que l'art a trop d'autels à Lyon. Nous croyons, au contraire, que plus il y aura de réunioris de cette nature, plus la musique se propagera, et plus le goût s'épurera et se répandra dans toutes les classes de la société. Nous voyons donc avec plaisir, à côté du Cercle mu- sical, s'élever le Casino des Arts, réunion appelée à servir de centre à nos musiciens, à nos peintres, à nos artistes en tous genres. Là , des exhibitions permanentes de tableaux feront con- naître aux touristes les productions de notre école lyonnaise. Des concerts hebdomadaires permettront à tout artiste de pas- sage de se faire entendre, avec les ressources d'un orchestre exercé et devant un auditoire compétent. Là encore, nos ama- teurs pourront s'exercer à la musique sévère, à la musique de chambre. Outre les concerts et les expositions d'objets d'art, le Casino offre à ses habitués les distractions de tous les cercles : lecture des journaux, jeu de billards, salons de conversation. La salle est décorée avec beaucoup d'art et de goût, et l'archi- tecte, M. Exbrayat, a su tirer tout le parti possible de l'emplace- ment qui lui était dévolu. Massifs de fleurs et d'arbustes étran- gers, grottes en rocailles, glaces, jets d'eau, lustres, vases de fleurs, décors, draperies, tout cela produit le plus pittoresque effet. On est tout étonné de trouver, au centre de la ville, dans la rue la plus passagère, une pareille féerie. A Paris, un éta- blissement dans ces conditions serait assuré d'un bel avenir ; espérons que Lyon ne voudra pas rester en arrière de la capi- tale, et qu'il adoptera le Casino des Arts. Une Société fondée sous le patronage de notre administration municipale, l'Union musicale a donné le 9 février un 2e concert au profit des indigents dans la grande salle de l'Hôtel-de-ville. C'est là une bonne idée que d'associer la musique et le chant à une œu- vre de bienfaisance. Tout le monde y gagne : Nos pauvres quel- ques soulagements, nos jeunes artistes l'habitude de se faire entendre et une louable émulation, et le public, avec le goût des bonnes choses, une agréable distraction. Trois artistes ont eu les honneurs de ce concert : M. Michel a fort bien dit deux ro- mances ;,M. Kiariny a exécuté sur le piano la fantaisie de Thal- berg, les Huguenots, de manière à prouver qu'il marche sur les traces du maître, qu'il est bien de son école ; M. Feugier, vio- loniste, élève de notre Cherblanc, a son jeu correct et pur, et pro- met un bel avenir. LÉON BOITEL.