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140             DE LA COLONIE GRECQUE DE LYON.
bonne et Corbilo à l'embouchure de la Loire : ce dernier n'exis-
tait déjà plus de son temps. Nous en trouvons aussi un vers
l'embouchure de la Somme, dans l'ancien Ponthieu (1). Or, le
Lugdunum gaulois, placé sur les rives du Rhône, à la jonction
d'une rivière qui pénètre jusque dans l'intérieur de la Gaule, vis-
à-vis le lieu où la Loire commence à être navigable, dans l'en-
droit où l'on devait décharger les marchandises qu'on dirigeait
vers ce fleuve, pour leur faire prendre la voie de terre, qui de-
vait être plus facile sur ce point, parce que les montagnes sont
moins élevées ; or, le Lugdunum gaulois ne devait-il pas être
choisi de préférence par ce peuple intelligent pour un de leurs
principaux Emporta ? Une colonie ne dut-elle pas accompagner
l'établissement de ces magasins, et cela bien des années avant
la colonie de Plancus ? Et, si nous ajoutons tous ces vestiges que
les Grecs ont laissés à Lyon, et tous les indices frappants que je
cite dans ma dissertation, et qu'il est inutile de répéter ici, on
sera certainement porté à trouver de la plus grande vraisem-
blance l'opinion que j'ai émise de la colonie grecque à Lyon,
avant Plancus.
    D'ailleurs, est-il vraisemblable que la fondation de la colonie
de Plancus, comme l'avancent M. de Belloguet et son interprète
et ami, M. Guillemot, ait amené, à Lyon, un assez grand
 nombre de Grecs pour former, moins de cent ans après, sous
 Caligula, une partie si considérable de la population lyonnaise ?
Non : dans les temps anciens, les villes, surtout celles qui n'é-
taient pas maritimes, ne se peuplaient pas aussi rapidement
 d'étrangers que dans les temps modernes. Les voyages étaient
 plus longs, plus coûteux, les communications plus difficiles.
 Ainsi, il a fallu un laps de temps assez grand, et même plus de
 deux siècles, pour établir, à Lyon, une population étrangère si
 considérable.
  On blâme les étymologies grecques que j'ai vu répandues au-
tour de Lyon. Mais, ce n'est pas par elles que j'ai prétendu prou-

  (i) Voyez la dissertalion de M. de Poilly, insérée dans les Mémoires de la
Société d'Emulation d'Abbeville.