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                  DE LA COLONIE GRECQUE DE LYON.                          139
 Loire. Nous voyons ici Strabon parler d'un commerce depuis
 longtemps établi. Car, si ce commerce n'avait commencé que
 depuis la conquête, il ne se serait pas avancé si loin et n'aurait
pas ainsi embrassé la Gaule tout entière dès le temps d'Auguste,
temps auquel Strabon a écrit sa Géographie.
   Voyons encore un autre témoignage d'un auteur contempo-
rain. C'est Diodore de Sicile qui écrivait précisément sous Jules
 César et sous Auguste. Il confirme, dans son ve livre, le témoi-
gnage de Strabon : il nous parle des marchands étrangers qui
affluaient en Bretagne, qui achetaient l'étain à ses habitants, et de
là le transportaient sur le continent ; ensuite, prenant la voie de
terre, et traversant la Gaule en trente jours environ, ils le trans-
portaient, chargé sur des chevaux, jusqu'à l'embouchure du
Rhône. Or, ces marchands étrangers ne pouvaient être que les
Massiliens, dont la ville si commerçante et si puissante était si-
tuée près de l'embouchure de ce fleuve.
   Voilà donc des témoignages frappants des rapports des Grecs
et de leur commerce avec les Gaulois, avant la conquête ; et,
les nier, comme fait M. Roget de Belloguet, n'est-ce pas fermer
les yeux à la lumière, et se rendre coupable d'une vraie hérésie
historique ?
   Maintenant qu'il est avéré que les Grecs commerçaient avec la
Gaule avant César, je demanderai s'il est si étonnant qu'avant
César ils eussent déjà établi des Emporta ou magasins dans
les divers lieux favorables à leur commerce ? Comment, sans ce
moyen, auraient-ils pu étendre ce commerce, et y comprendre la
Gaule tout entière et jusqu'à la Grande-Bretagne ? Ils ont donc dû
établir des colonies en divers lieux de l'intérieur de la Gaule,
comme ils en avaient établies sur les côtes de la Méditerranée.
Strabon (1) cite trois de ces Emporta maritimes : Bordeaux, Nar-


tons lui envoyèrent en députation. Or, ces marchands ne pouvaient être des
Gaulois ; car César les aurait sans doute désignés sous le nom de leur nation.
Ils ne pouvaient être que des marchands étrangers à la Gaule, c'est-à-dire
des Massiliens.
   (i).Livre IV.