Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                 SUR LE TOMBEAU DE NARCISSA.                   125
d'enfouir dans la terre de prétendus ossements de Narcissa,
pour en faire le plus coupable, comme le plus honteux trafic, que
M. Pierquin de Gembloux s'appuie comme sur une autorité.
   Du reste, les touristes anglais ne furent pas les seuls dupes
dans cette affaire. Artaud, dans sa jeunesse, y avait cru comme
tant d'autres ; Talma et sa femme avaient même, pendant leur
séjour à Montpellier, proposé et ouvert une souscription pour
élever un modeste monument à l'infortunée Narcissa.
   La découverte de la pierre tumulaire de la belle-fille d'Young,
à Lyon, et l'acte de son inhumation, en 1736, au cimetière des
protestants, forcèrent M. Pierquin de Gembloux à se rejeter sur
la prétendue existence d'une propre fille d'Young, née de son
épouse, en 1732, et morte en 1749, à l'âge indiqué dans la poé-
sie de son père, c'est-à-dire à dix-sept ans environ.
   Cette suppositio'n est renversée par M. de Terrebasse, qui,
armé de dates inexorables, vient nous apprendre que la pre-
mière édition des Nuits d'Young, dans lesquelles il déplore la
mort de sa fille est datée de 1742. Or, comment se pourrait-il
qu'Young pleurât en 1742 unefillemorte en 1749... Cet argument
est sans réplique. Il reste donc établi :
   1° Que la belle-fille d'Young, Elisa Lee et la prétendue Narcissa
ne sont qu'une seule et même personne ;
   2° Que cette belle-fille est morte à Lyon et non à Montpellier ;
   3° Que rien n'indique dans les poésies d'Young qu'il ait perdu
une fille dans cette dernière ville ;
   4° Que c'est simplement une note douteuse de Le Tourneur
qui a donné lieu à cette fausse tradition ;
   5° Que cette tradition ne date pas de l'époque de la prétendue
mort de Narcissa à Montpellier, mais seulement de plus de 40
ans après ;
   6° Que Young n'eût jamais qu'une fille ;
   7,° Que sir Herbert Croft qui avait déjà écrit que la belle-fille
d'Young, morte à Lyon en 1736, n'était autre que la Narcissa
chantée par le poète, devait tenir ces détails de quelqu'ami de
la famille, puisqu'il était né en 1851, et Young mort seulement
en 1765 ;