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DE LA VILLE DE LYON. 113 dans l'application. — Ceci nous mène< droit à la maison Blan- chon, sur la place de l'Herberie. Voici assurément un exemple dont il ne faut pas abuser. — C'est M. Desjardins, l'un de nos plus habiles dessinateurs parmi les architectes lyonnais, c'est M. Desjardins qui l'a donné. — Le grand point, ici, était de concilier, à l'intérieur, le style du moyen- âge avec les besoins modernes, et, à l'extérieur, de développer ce charme oculaire qui constitue le pittoresque. M. Desjardins s'est habilement tiré des difficultés sans nombre qui semblaient devoir intimider son courage et faire chanceler son œuvre. Le plus grand défaut qui la dépare, résulte de la hauteur excessive de l'édifice. Si la maison Blanchon avait deux étages de moins, elle serait beaucoup plus sage et beaucoup plus vraie, comme reproduction d'architecture historique. — Comment ! même dans le gothique qui n'admettait l'élévation que pour les donjons et les clochers, les cathédrales et les maisons commu- nales ou consulaires, mais ne la coupait point de petits étages, superposés,vous voulez que, dans la demeure lyonnaise, l'homme perde son temps et use sa vie à monter et à descendre des esca- liers ! mais c'est là le mauvais côté du goût lyonnais : ici, la maison, de quelque type qu'elle soit, n'est jamais harmonieuse, ne présente jamais les proportions convenables de hauteur par rap- port à la largeur. Tout monument, tout édifice qui n'a pas été fait à l'échelle de la stature moyenne de l'homme est faux. — Voilà pourquoi Saint-Pierre de Rome jette le trouble dans toutes les idées qu'on a sur les dimensions et les rapports architectoni- ques. Tout édifice où il n'y a pas de parties lisses est faux en- core, essentiellement faux. Qu'on daigne ne jamais oublier ces maximes. L'ordonnateur des travaux exécutés sous la direction de M. Des- jardins, sans doute, aura voulu que sa maison montât ainsi au ciel, mais avait-il exigé qu'elle fût gothique ? Je demanderai à M. Desjardins où il a trouvé l'exemple de certains ornements de la renaissance libre, associés à ses profils généralement imi- tés de ceux du XVe siècle. Ce bâtiment, après tout, tel qu'il est, prouve toute la sou- 8