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114                   BULLETIN MONUMENTAL

 plesse de l'art lyonnais, toutes les ressources de nos architectes,
 toute la conscience et l'habileté de nos ouvriers. Le moyen-âge
 ne coupait pas la pierre avec plus d'art qu'on ne le fait aujour-
 d'hui dans cette grande cité de Lyon. M. Desjardins a ouvert
 avec assez de bonheur une voie où, je le répète, je n'engage
 personne à le suivre. Ce qu'il fallait à la place de cette maison
 Blanchon, c'était l'espace et le vide. Mais l'occupation du sol dé-
 cidée en principe, un édifice plus classique, faisant contraste
avec la façade de Saint-Nizier, eût contribué à faire ressortir la ba-
silique, tandis que l'immense demeure de M. Desjardins, écrase
le monument religieux. Vous avez cru développer l'harmonie,
vous avez confisqué et absorbé une église, pour les yeux. En fait
de gothique, encore un coup, bornons-nous à l'exalter comme
gloire, à l'honorer, à le conserver, à le continuer là où il est,
c'est-à-dire dans les édifices authentiques du moyen-âge ; mais
ne l'improvisons pas.
   Ah ! combien j'aime mieux la maison de Lempereur ! elle se
prête merveilleusement aux besoins modernes, au luxe des
devantures et des boutiques, elle ajoute à l'effet pittoresque de
la basilique de Saint-Nizier.
   Les deux maisons bâties sur les projets de M. Bernard , ar-
chitecte , l'une à médaillons consacrés aux gloires lyonnaises,
l'autre à colonnettes, sont d'un goût remarquable, et font le plus
grand honneur à l'artiste qui les a conçues. La dernière est une
innovation du genre, mais une innovation heureuse.
   Je ne saurais trop réclamer contre la mansarde et les toits ai-
gus que les idées du Nord jusqu'ici justement repoussées à Lyon,
viennent y importer. Naguère encore la toiture pointue se mon-
trait ici, à l'état d'essai malheureux : ce n'était qu'une fantaisie,
qu'un accident : à l'heure qu'il est, c'est décidément un parti
pris. Le comble aigu n'est pas en harmonie avec les horizons de
Lyon, il sera toujours ce qu'est un canard dans un concert. Si
du moins encore on le vêtait en ardoises, ce serait le genre génois
et angevin, ce serait une couverture noble ; mais on fait un bar-
bare mélange de tuiles courbes et de tuiles à crochet. — Reve-
nons donc à la tuile courbe, la seule pittoresque, la seule qui