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DU GÉNÉRAL LAPOYPE. 85 un brillant état-major, douze bataillo'ns de diverses armes composaient le cor- tège. C'étaient vraiment de dignes funérailles, quoiqu'elles eussent été impro- visées, en l'absenceMe tous les membres de la famille, par des amis de l'illustre défunt. Tous les habitants de la commune où vivait le général s'étaient fait un religieux devoir d'accompagner, à pied, et par de bien mauvais chemins, ses restes mortels jusqu'au champ de l'éternel repos. Là , M. Vachez, membre de notre Conseil municipal, a prononcé, sur cette tombe entrouverte, le discours suivant qui résume toute cette noble vie : Une grande âme vient de quitter son enveloppe mortelle, pour retourner à son créateur, qui l'avait marquée du sceau de sa prédilection. D'unanimes regrets, des larmes sincères rendent hommage à l'homme juste, au sage qui fut chrétien sans fanatisme, tolérant sans indifférence, et pour qui la pensée de l'Etre suprême fut un frein pour le mal et un encouragement au bien. * Le général La Poype fut aussi simple que grand ; son caractère avait cette espèce de physionomie antique, si rare de nos jours, et qui inspirait à tous amour, vénération, respect. Aussi est-ce de lui qu'on peut dire, avec un orateur sacré : « qu'il avait dans l'âme toute la vigueur d'un Spartiate, et dans l'esprit, toutes les grâces d'un Athénien. » Devant cette tombe, tout disparaît : noblesse, grandeur, fortune. Il ne reste pour nous que le souvenir impérissable d'une vie dignement remplie, d'une longue carrière glorieusement parcourue. Le général La Poype était né à Lyon, le 3r mai 1758. Comme toutes les intelligences supérieures, il eut d'intuitives révélations. Il eut le pressentiment des grands événements qui devaient marquer en France les dernières années du siècle passé. Dès ce moment, il se dégagea des liens qui l'attachaient à un corps privilégié, et, quoique d'une famille patricienne, il embrassa avec un saint enthousiasme et une ardente et sincère conviction, la cause populaire à laquelle il n'a cessé d'être fidèle jusqu'au dernier souffle de sa belle vie. L'histoire comtemporaine a déjà dit ce que fut le général Lapoype, pendant tout le temps des guerres que la république et l'empire, à son agonie, eu- rent à soutenir. Elle nous le montre, dans la garde nationale de Paris, au mois d'août 1789, commandant du 4 e bataillon de Seine-et-Oise, au mois d'octobre 1791 ; colonel du 104e régiment de ligne, le 6 juin 1792 ; et général de brigade, le 10 septembre de la même année. A la retraite du camp de Maulde, il se distingue à la tête de'son régiment en combattant à l'arrière garde. Nommé général de division au mois de mai 1793, il est chargé bientôt après du commandement de Toulon, où il court les plus grands dangers. Puis il suc-