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84                                BIOGRAPHIE
première. Mais, que pouvait-il contre le nombre?... la ville néanmoins ne se
rendit pas ; elle fut prise d'assaut.
    Les Cent jours, en ramenant sur le trône Napoléon, réveillèrent, dans le
cœur du général de Lapoype, les sentiments d'affection qu'il avait gardés an
grand homme qui avait porté si loin et si haut le nom de la France. Son acte
 d'adhésion au nouvel ordre de choses ne se fit pas longtemps attendre. Il
 avait accepté le commandement de la place de Lille ; et, lorsqu'aux cent jours
 succéda la seconde restauration, de Lapoype refusa de livrer les portes de la
ville qu'il commandait. Le lieutenant-général de Bournonville, désespérant
 de vaincre sa résistance, lui envoya, au nom de Louis XVIII, un émissaire se-
 cret ; et, comme il fallait tromper la surveillance rigoureuse qui s'exerçait
 aux portes de la ville, ce fut une jeune fille d'une remarquable beauté qui fut
 choisie pour servir d'intermédiaire. L'enlrée de cettejeune personne n'éveilla
 aucune défiance, et elle put, à trois reprises différentes, heureusement arriver
jusqu'auprès du général de Lapoype, auquel elle remit chaque fois, de la part
 du général Bournonville, une dépêche, contenant les instances nouvelles de ce
 dernier. Il paraît même qu'on offrit à Lapoype une somme de 600,000 fr.
 et la dignité de maréchal de France, en échange des clés de la ville. Le géné-
 ral refusa tout, et ce ne fut qu'après que les événements eurent consommé la
 ruine de l'Empire, qu'il remit la place au général Bourmont, désigné comme
 son successeur par le ministre de la guerre de Louis XVIII.
     L'année qui vit la seconde restauration vit aussi là mise à la retraite du gé-
 néral de division marquis de Lapoype. Le nouveau gouvernement n'avait pas
 pu lui pardonner, et ce qu'il appelait sa défection, et le refus qu'il avait d'a-
  bord fait de remettre la ville de Lille aux commissaires de Sa Majesté.
     De cette époque, date la fin de la carrière militaire de l'homme dont nous
 venons* d'essayer d'esquisser à grands traits la glorieuse biographie.
     A partir de ce moment, le général de Lapoype disparaît de la scène poli-
  tique, où il avait su constamment tenir, avec tant d'indépendance et tant de
  dignité, une si grande place. Moderne Cincinnatus, il vécut au milieu du calme
  et de la paix des champs, fier de l'estime et de la considération universelle
  qui l'entouraient, et heureux surtout de l'affection respectueuse dont tous
  ceux qui ont eu le bonheur de l'approcher lui prodiguaient chaque jour les
  sincères et touchants témoignages.
                                      FERDINAND CALVET DE ROGNIAT.

   Le général de Lapoype s'est éteint à l'âge de g3 ans, le 27 janvier I 8 5 I ,
 dans sa propriété de Fantaisie, aux Brosses, près de Vaux.
   Le 29 janvier i85r, le convoi de l'illustre général traversait Lyon pour 86
 rendre au cimetière de Loyasse, et recevait de tous, sur son passage, des mar-
 ques de respect et de legret. De nombreux citoyens, des villageois en blouse,