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70                     DE QUELQUES OUVRAGES
   La seule ressource qui reste au bibliophile, c'est l'imprimé à
petit nombre et non mis en vente. A défaut d'autre privilège, c'est
encore là, j'en conviens, une douce consolation. Elle a du moins
le mérite de satisfaire délicatement tous les amours-propres et
de n'en blesser aucun. Que de gros volumes publiés à des mil-
liers d'exemplaires, qui sont en vente et qui ne se vendent point !
Que de petits livres, au contraire, d'un tirage inférieur en nom-
bre, au nombre des travaux d'Hercule ou des femmes d'Henri
VIII, qui se sont donnés discrètement à leur apparition, et que
le bibliomane avide couvre d'or aujourd'hui chez Jannet, chez
Techener, ou dans les ventes publiques ! Sous le spécieux pré-
texte qu'il a payé cinq ou sept francs le volume qu'il vient de
prendre à l'étalage d'un libraire, un acheteur, — espèce qui de-
vient de jour en jour plus rare et finira par se perdre tout-à-fait,
— un acheteur, dis-je, a toujours le droit de trouver le papier de
ce livre mauvais, l'impression, détestable, et la couverture d'un
jaune outrageant pour les mœurs. Quant à l'ouvrage, aux idées
qui y sont émises, à la manière dont ces idées sont présentées,
on ne connaît le plus souvent l'opinion du lecteur que par un

ou imprimeries dans leur maison, ou ailleurs. Quatre ans auparavant, en
1614, une sentence du Chatelet avait fait défense aux PP. Jésuites du collège
de Clermont, à Paris, « de tenir aucunes presses (sic), caractères et usten-
siles de librairie, imprimerie et reliure de livres, à peine de confiscation et
de 3oo livres d'amende. » Mais, d'après le texte de cette sentence, il est
probable que la mesure prescrite fut administrative ou réglementaire, plutôt
que politique, la corporation des imprimeurs et celle des relieurs s'étant ap-
paremment émues de la concurrence que les Jésuites leur faisaient dans leurs
collèges.
   J'ai sous les yeux l'un des derniers ouvrages, le dernier peut-être qui soit
sorti d'une imprimerie particulière, avant la promulgation du code, et dont je
ne sache pas qu'aucun bibliographe ait encore fait mention. Ce livre, de for-
mat in-4 0 , mais avec la justification in-S°, porte la date de 1801. II est inti-
tulé : Méditations pour la Semaine-Sainte, par ****, auxquelles on a joint le
portrait de Jésus-Christ, â l'usage de madame C.-F.-M. Choiseuil, Sérent. Im-
primées par G.-C.-J. Montmorency-Laval, Luynes, sa tante. A. Dampierre.
   Au-dessous du titre, sont les mots : Jésus et Marie, encadrés dans une cou-
ronne d'épines.