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                     RÉCEMMENT IMPRIEÉS A LYON.                           69
  de la casse et du composteur pour imprimer des ouvrages d'une
  insignifiance vraiment royale aussi (pardonnez cette significa-
  tion d'un républicanisme farouche ) ; mais l'on passe bien vite à
  un autre ordre d'idées, en songeant avec quelle insouciance et
 quelle fatalité les rois de France jouaient avec ce qui devait être
 un jour le plus terrible instrument de leur chute. Peut-être les
 types de plomb que, dans son imprévoyance et sa simplicité,
 Louis XVI disposait pour l'innocente description de la forêt de
 Compiègne, sont-ils les mêmes qui, à travers les hasards de la
 révolution, sont tombés, usés et presque effacés, dans quelque
 imprimerie de sans-culotte, pour y typographier, à mille exem-
 plaires, l'ignoble et atroce langage d'Hébert, écrivant, le lende-
 main du 16 octobre 93 : « J'ai vu tomber dans le sac la tête de
 Veto femelle.,.. »
    On sait, du reste, de quelle manière philosophes, gens de let-
tres, gazettiers et pamphlétaires ont payé la généreuse hospitalité •
 des grands seigneurs de leur temps, — en les envoyant àl'écha-
faud. Quant au privilège d'avoir une imprimerie dans son châ-
teau, il en est advenu de cela comme de tant d'autres choses
disparues sous l'inflexible niveau de l'égalité. Quiconque se ha-
sarderait aujourd'hui à posséder une imprimerie chez soi, ne fût-
ce même que pour reproduire les Prières à l'usage des enfants
de France, ou les Elévations de cœur à N.-S. J.-C, imprimées
de la main de madame la dauphine, mère de Louis XVI, celui-là
serait condamné comme coupable d'avoir organisé uneimprime-
rie clandestine. Clandestine! entendez-vous? Tel est l'adjectif
méprisant dont le code pénal a flétri votre charmante industrie,
marquise de Pompadour, et vous, belle dame Sarron, qui, de vos
délicates mains, disposiez, au château de Fresne, les lettres qui
devaient former le pieux éloge d'un grand magistrat, le chance-
lier d'Aguesseau (1).

   (i) En interdisant les imprimeries particulières, le code Napoléon n'ap-
porta cependant pas une prohibition nouvelle dans l'ensemble des disposi-
tions législatives de la France. Dès le commencement du XVII e siècle, il
avait été pris des mesures contre les imprimeries. L'article i S du Règlement
de la Librairie de 1618 défend aux auteurs et correcteurs d'avoir des presses