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                            TRÉVOUX.                             65
de Quincieux, et de cette terre d'alluvion qui borde le village,
paisiblement assis sous la frémissante saulée, entre un champ
de maïs et une fraîche prairie, regardez, et regardez du côté de
l'aurore, à l'heure où le soleil couchant dore de ses feux les
doux coteaux de la Dombes. — Quelle verve, quel entrain dans
cette nature, quelle suavité dans ces corbeilles de fleurs et de
fruits, quels contrastes ! Comme la petite cité de Trévoux se
détache, pittoresque et vraiment italique, à l'ombre de son vieux
château en ruines, dont la silhouette coupe le ciel au sommet
de la colline. Spoleto n'a pas le charme de Trévoux : cette plate-
forme, ces maisons épanouies qui semblent bondir au soleil,
cette couleur magnifique, ces jardins en terrasse, ces amphi-
théâtres d'arbres et de monuments. A gauche, ces murs jaunes
comme Je château de Tarascon, percés de baies cintrées, c'est
l'hôpital de Mademoiselle ; au centre, ce sont ces curieuses de-
meures qui, de niveau avec les rues, sont souvent de trois ou
quatre étages en contre-bas d'elles ; sur la façade opposée, c'est
l'église de Saint-Symphorien, le Palais-de-Justice, l'élégante
promenade de la Terrasse, et la vaste demeure de M. le conseil-
ler Valentin Smith ; à droite, l'hôtel de Messimy semble en-
core comme la tente toute prête pour recevoir les princes souve-
rains de Dombes. La société d'agriculture de Trévoux siège dans
cet hôtel qui n'a conservé d'unité qu'à l'extérieur.
   La ville de Trévoux a pour pasteur un homme éminent par
le cœur et par la science, et pour enfant un docte magistrat,
écrivain habile, profondément et patriotiquement versé dans
l'histoire particulière de la Bresse et du Lyonnais. Placée sur
le grand courant des idées lyonnaises, mais bressanne par le
sol, par l'histoire, par suite des circonscriptions politiques, elle
doit à~ce courant ses progrès dans la civilisation, son amour
du beau, ses instincts artistiques, ses relations commerciales,
tandis qu'elle reçoit de son centre naturel de Bourg-en-Bresse
l'impulsion agricole la plus fécondante, et ces mœurs calmes,
hospitalières, vraiment patriarchales qui forment le caractère
de la vieille et excellente Bresse.
                                            JOSEPH   BARD.
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