Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                    DE LA TABLE DE CLAUDE.                        33

entrée au sénat. Ils représentèrent avec force les services qu'ils
avaient rendus, parlèrent de leur sang versé pour la cause de
Rome, et réclamèrent comme un droit des prérogatives qu'a-
vaient obtenus, sans les mériter toujours, tant d'habitants de
l'Italie et de la Gaule Narbonnaise.
    Les Eduens avaient surtout d'incontestables titres : Claude
crut à la justice des prétentions de la Gaule-Chevelue, et se fit
son avocat dans le sénat. Tout empereur qu'il était, ce prince
rencontra une opposition violente. Enorgueillis de leur puissance
et de leurs antiques privilèges, les vieux sénateurs voyaient avec
indignation l'invasion de leurs sièges par des étrangers. « Quoi
donc, s'écriaient-ils dans le langage que leur prête Tacite, l'Italie
est-elle si malade qu'elle ne puisse fournir assez de membres au
sénat? Ne l'a-t-ellepas fait autrefois avec des citoyens nés dans
 ses murs, et avec les seuls peuples de son sang, et a-t-elle eu à
 s'en repentir ? Ne pade-t-on pas encore des exemples de gloire
et de vertu qui ont signalé les antiques mœurs de la race ro-
 maine ? Est-ce peu que d'avoir admis dans le sénat les Insubres
 et les Venétes et faut-il donc y introduire encore comme dans
 une ville captive, un ramas d'étrangers ? Quelles prérogatives
 auraient donc désormais le peu de patriciens qui restaient et
les sénateurs pauvres du Latium ? Avec leurs richesses, les
 nouveau-venus engloutiraient bientôt toutes les places, eux
dont les aïeux avaient taillé en pièces des armées romaines et
tenu Jules César assiégé auprès d'Alèse ? Que serait-ce si on
évoquait le souvenir de leurs anciennes barbaries, de l'incen-
die du Capitole, et des murailles de Rome renversées de leurs
mains. On pourrait sans doute accorder à ces étrangers la jouis-
sance du titre de citoyen, mais la dignité sénatoriale et les
honneurs de la magistrature ne devaient pas leur être prosti-
tués ainsi.
   Remarquons encore qu'il n'est nullement question des colons
de Lugdunum ; qu'il ne s'agit pas d'élever cette cité au rang des
colonies les plus favorisées ( elle n'a rien à réclamer et se trouve
parfaitement désintéressée dans le débat ) ; qu'enfin l'empereur
et les sénateurs n'ont à s'occuper que des prétentions fondées
                                                        3