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DU BUGEY. 17 des dénominations celtiques ont été conservées sans altéra- tion. S'arrôtant sur la montagne d'Helnon, il décompose ce nom pour y placer un collège de Druides, ou tout au moins le séjour d'un autistes ou pontife païen. La légende de Saint- Amand, fondateur de Nantua, décrit celte montagne d'Hel- non, sur laquelle était, à l'arrivée du saint, une petite forte- resse en pierres de taille : Monlem quemdam, nomine Helnon, ex cujus nomine oinnis circa regio helnonnensis vocabatur. Avant la construction du château féodal et la fondation du bourg de Montréal, par Humbert II, sire de ïhoire , Helnon s'appelait Sénoches, soit que son nom fût changé ou qu'il se fût modifié par le temps. Analysant ces deux noms avec Eloi Johanneau , M. Monnier leur trouveune origine celtique. Sénoches serait dérivé de Senani, nom qui désigne les Drui- des dans les auteurs latins, et qui aurait sa racine dans le celtico-breton henan, très-âgé ; hen, vieillard , d'où pro- viendraient apparemment le zs^vodsoi des Grecs et le senex des Latins. On sait que l'A se change volontiers en s , et que l'aspiration est un caractère distinclif des mots les plus anciens ; ainsi, sex latin s^ en grec, septem, svzx: Si ingénieux que soit ce commentaire, emprunté par M. Monnier à M. Eloi Johanneau, dont les assertions étymo- logiques sont souvent hasardées, il est une explication plus simple et plus plausible de l'origine d'Helnon , et devant celle explication doivent disparaître, ce me semble, toutes ces inductions un peu tourmentées. Cette interprétation ré- sulte précisément de la légende de Saint-Amand et de la bio- graphie de cet illustre fondateur. Lorsqu'il vint dans les montagnes du haut Bugey chercher une retraite, n'est-il pas probable que, en mémoire du célèbre monastère d'Hel- non , créé par lui près de Tournay, dans la Flandre, il donna ce nom à la contrée qu'il avait choisie, pour y finir, dans la solitude, une vie si pleine de grandes choses ! 2