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16 MONOGRAPHIE HISTORIQUE nablement pour la saisir. M. Monnier soupçonne que ces ro- chers superposés peuvent avoir été un immense dolmen cel- tique. Il faut, pour entrer dans sa pensée, nécessairement admettre que c'est un dolmen bâti par la nature, car le moyen de croire que les Celtes aient dressé ce monument gigantesque à une pareille élévation et sur cet escarpement. Ce serait l'œuvre des Titans. 11 domine en effet perpendicu- lairement le lac à plus de trois cents mètres d'élévation. Toutefois, ce rocher peut avoir été consacré par le druidisme, à raison de ces accidents naturels. Il est appelé dans le pays Maria Matre, dénomination qui n'est pas celtique et à la- quelle on ne peut trouver une explication probable. « Serait-ce, dit M. Monnier, Marie, mère de Dieu? Et les chrétiens auraient-ils voulu chasser, par une dédicace à la Vierge-Mère, le souvenir d'une antique idolâtrie?» Cette interprétation serait, jusqu'à un certain point, admissible, mais la tradition locale est tout autre. Au rocher de Maria Matre, très-populaire à Nantua, est attachée une légende, insérée dans la Revue Sêbusienne. C'est l'histoire d'une in- téressante jeune fille, nièce d'un prieur, ensevelie par une tempête dans les eaux du lac. Cette légende se termine ainsi : «Plus tard, la tendre affection du prieur pour Maria, fit tail- ler, sur la roche la plus rapprochée de cette scène déplorable, les traits fidèles de sa nièce qui, par leur parfaite ressem- blance avec ceux de sa mère, méritèrent à ce rocher le double nom de Maria Matre. » Autre invraisemblance matérielle. Nous ne suivrons pas M. Monnier à la recherche des ves- tiges druidiques sur les prolongements du Dun ; la Roche merveilleuse, la Colonne et les pics de Senoches ont un cachet d'antiquité gauloise encore plus effacé. Aussi, ne les juge-t-il qu'ayec réserve. Toutefois, dans ses inductions éty- mologiques , l'onomancie, si je puis ainsi dire, est, pour cet èrudit, une source d'ingénieux aperçus dans une région où