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                 DE LA. PERFECTIBILITÉ HUMAINE.                   487
rêveurs s'appuient, en déterminant la nature et les limites de la
perfectibilité , au regard de l'homme et de la société. Mais, par
quelle contradiction, après avoir autrefois établi l'idée d'une per-
fectibilité sans limites, viens-je aujourd'hui vous entretenir des li-
mites de la perfectibilité ? Cette contradiction n'existerait qu'autant
que l'on confondrait l'univers avec l'humanité. En effet, c'est au
regard de la création tout entière, et non pas de l'humanité, que
j'ai soutenu l'idée de la perfectibilité indéfinie comme un complé-
ment nécessaire de la doctrine de l'optimisme. La raison, comme
je l'ai autrefois longuement expliqué, ne peut pas ne pas admettre
que Dieu, l'être souverainement parfait, voit toujours et fait tou-
jours le meilleur, de là cette conséquence, que le monde, créé par
Dieu, doit être le meilleur des mondes. Mais il faut prendre garde
à la nature de ce meilleur suivant lequel Dieu s'est déterminé, sinon
on poserait une borne à sa perfection souveraine et à sa toute-
puissance, sinon l'optimisme serait sacrilège. Non seulement ce
meilleur s'applique à l'ensemble, et non à des détails, à l'uni-
vers, et non à tel ou tel monde, à tous les êtres, et non à l'hu-
manité en particulier ; mais il s'applique à l'univers tel qu'il
devient, à l'univers en puissance, et non pas seulement à l'uni-
vers tel qu'il est, à l'univers en acte. Ainsi, le meilleur qui a
 déterminé la volonté divine doit comprendre une série indéfinie
d'évolutions et de progrès qui se développeront dans la série in-
définie des moments de sa durée.
   Si vous imaginez, suivant l'erreur de quelques partisans de
l'optimisme, un maximum absolu de perfection, un meilleur
quelconque fixe et immobile auquel Dieu se serait arrêté dans la
création du monde, ce maximum n'étant pas infini, à quelque de-
gré que vous le portiez, il laissera toujours au-dessus de lui un
nombre infini de degrés supérieurs de perfection que Dieu n'au-
rait pu, ou n'aurait pas voulu réaliser. Avec une telle doctrine,
on sacrifie nécessairement ou la toute-puissance, ou la bonté
souveraine de Dieu, ou toutes les deux ensemble. Mais, par l'idée
de la perfectibilité indéfinie de l'univers, on supprime tout ma-
ximum absolu de perfection, on enlève toute limite à la puis-
sance et à la bonté divine, on fait le monde digne de son auteur,