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MONOPOLE DE LA HOUILLE. 475 Ces expressions renferment tout à la fois une assertion vraie et une erreur. Il est très-vrai qu'elle a supprimé à son profit la concurrence préexistante, mais il n'est pas exact de dire que cette concurrence fut abusive. Lorsque la loi proclame une règle sans limite, ni restriction, il n'est pas permis aux particuliers de la limiter ou restreindre, encore moins de la supprimer, sous prétexte d'abus. Il n'y a pas lieu à une distinction que la loi n'autorise pas. Mettre en question la légitimité de la concurrence, ou lui imposer des li- mites, c'est l'anéantir. Que les défenseurs de la coalition nous disent quel est le point qui sépare l'abus de l'usage. S'il leur est impossible de l'assi- gner, ils doivent convenir que la loi réprouve tout ce qui, di- rectement ou indirectement, peut porter atteinte à la libre et naturelle concurrence du commerce. Après avoir, de leur aveu, fait cesser une concurrence abusive, ils ont prétendu (p. 52), par une contradiction frappante, que la concurrence existe, dans le bassin de la Loire, aussi active qu'on peut le désirer. Les faits sont notoires et prouvent le contraire. Comment la concurrence pourrait-elle exister ? L'association houillère, quali- fiée de gigantesque par les fonctionnaires publics, dispose de trente-denx concessions qui, en 1846, ont produit les cinq sixiè- mes de l'extraction totale du bassin (12,604,405 quintaux mé- triques sur 15,196,070). Les exploitations non coalisées ne pro- duisirent qu'un sixième ou environ 2,500,000 quintaux métri- ques. Or, si les besoins de la consommation en exigeaient quinze millions, il est évident que les exploitants, qui n'en pouvaient fournir qu'un sixième, ne pouvaient y faire face. Leur concur- rence était insignifiante. Les consommateurs, obligés de s'adres- ser à la Compagnie qui disposait des cinq sixièmes, ont subi la dure loi qu'elle leur a imposée ; ils ont payé la houille à des prix surhaussés de 50, 80, et même 100 p. 0 /°, selon les qualités. Les promoteurs de l'association houillère déclamaient contre les excès de la concurrence avec autant d'ardeur que la secte de socialistes qui trônait, en 1848, au Luxembourg. Je suis per-