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                     DE L'ENSEIGNEMENT DU PAYSAGE.                                  435

 dessin des terrains et de leur ciel harmonies ensemble. L'élude des terrains
 nus, leur agencement pour obtenir de la profondeur et laisser circuler depuis
 le premier plan jusqu'au lointain, est un exercice qui ne saurait trop tôt fixer
 l'attention du j e u n e paysagiste ; il s'occupera après des arbres, des construc-
 tions, des accessoires et des vues générales. L'habileté à trouver le point de
 vue le plus pittoresque d'un site ou d'un monument dépend du goût ; il faut
 beaucoup voir pour l'acquérir. On supprime quelquefois les objets acces-
 soires qui nuisent à l'unité d'un effet. Parfois aussi, après avoir dessiné l'en-
 semble d'un site ou d'un monument, on change de place afin de trouver un
 premier plan convenable, avantage qui se rencontre rarement dans la nature ;
 c e p e n d a n t , au d é b u t , ces licences doivent être interditps au commençant
 d'après nature. I! f a u t , avant de les lui permettre, que son goût commence
 à se former par l'étude des maîtres les plus habiles, dont il analysera les
 beautés et les différents styles, en faisant des croquis d'après leurs tableaux,
leurs eaux-fortes ou leurs lithographies. Ainsi l'élève débutera d'après nature
par des imitations de la plus grande naïveté : ce n'est que par degrés très-
gradués qu'il essayera une interprétation du modèle progressivement plus
caractérique.

   L'élève doit comprendre que , dessiner d'après n a t u r e , c'est abstraire et
donner le résultat d'une impression personnelle; car plusieurs artistes, placés
devant un même site , le voient tous différemment ; et leurs imitations diffè-
rent encore de l'épreuve daguerréotypée du même point de vue ; c'est que
la nature prête à tous les genres de beauté , et que chaque artiste , suivant
son organisation , reproduit celle de ces beautés qui l'impressionne le plus
 vivement. Remarquons encore qu'on voudrait toujours ajouter ou retrancher
quelque chose dans le dessin daguerrolypé, sentiment qui n'a pas lieu lors-
q u e !a reproduction du s i t e , est faite avec a r t , c'est-à-dire lorsqu'on a saisi
daus chaque contour la forme la plus caractéristique en la dégageant de ses
détails banals ou accidentels , et quand ou a procédé de même avec l'effet
de lumière ; en un m o t , lorsqu'on a employé les combinaisons fournies par
l'expérience des maîtres pour rendre l'expression du tableau plus saisissable,
plus prompte et plus énergique. Ainsi, on le voit, il n'y a pas de tableau tout
fait dans la nature ; c'est le propre des artistes de savoir l'extraire en quelque
sorte lorsqu'ils l'ont entrevue avec ce prisme particulier à chacun d'eux.

   Les idées de M. Tudot sur l'enseignement du paysage nous
paraissant judicieuses, et le tableau des exercices qu'il propose
étant aussi une page à la fois neuve et utile à consulter, la
Revue du Lyonnais devait prêter son concours de propagation
à ce travail, elle aura été la première à le signaler.