page suivante »
NÉCROLOGIE. 421
laisse en tout huit ou dix statues de grandeur naturelle ; nous
connaissons, outre le Platon et la Psyché, une Sapho, une
Lesbie, plusieurs autres figures dont le nom ne nous revient
pas, une vingtaine de bustes, parmi lesquels nous pouvons citer
ceux de Camille Jordan, de Dugas-Montbel qui sont dans le salon
de l'Académie ; celui de Dugas-Montbel, en particulier, est une
œuvre d'une rare distinction. Sur un plus petit modèle, il existe,
de cette femme remarquable, plus de deux cents groupes ou figu-
res en terre cuite. On y distingue un saint Augustin au moment
où il entend le Toile et lege, plein de noblesse et d'expression,
plusieurs figures d'anges et de Vierges données à des églises.
Mme de Sermezy a modelé jusqu'aux derniers mois de sa vie. 11
y a moins de quatre ans, c'est-à -dire à l'âge de quatre-vingt-un
an, elle exécutait une Vierge plus que demi-nature qui est un
de ses meilleurs ouvrages. Le talent viril de sculpteur s'alliait
chez cette dame à l'esprit le plus mâle, à l'instruction la plus so-
lide. Sous l'Empire et la Restauration, son salon réunissait
toutes les notabilités intellectuelles de notre ville, et l'on se rap-
pelle encore y avoir vu Mme de Staël et Mme Réeamier. Elle avait
reçu quelques leçons de Chinard. Dans le pillage des maisons de
Bellecour, en 1815, son atelier fut dévasté, et un grand nombre
de sujets dont il n'existait qu'un exemplaire, ont été ainsi per-
dus. Nous ne savons pas qu'aucun des journaux de notre ville
ait encore accordé la moindre mention à une mémoire aussi ho-
norable pour le pays. Parmi les bustes de Lyonnais célèbres que
la ville fait exécuter, celui de Mme de Sermezy trouverait natu-
rellement sa place ; il existe de sa main, on n'aurait plus qu'Ã
le faire traduire en marbre. Ce serait à l'Académie de Lyon,
qui comptait cette femme rare parmi ses membres , Ã prendre
l'initiative des hommages qui sont dus à son nom.
D'une autre génération que Mme de Sermezy, et encore dans
la vigueur de l'âge et du talent, un autre artiste éminent vient
de nous être enlevé. M. Orsel, dont notre Musée possède Y Adam
et Eve, le Moïse sauvé des eaux, dont tout le monde a admiré
le beau tableau, le Bien et le Mal, que reproduit l'habile burin