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398                    DE L'UNITÉ DES ARTS.
 arts. C'est l'état primitif de l'art subsistant dans son inviolable
 sévérité.
    En Grèce, aussi avant dans les âges que nous puissions remon-
 ter, nous trouvons la poésie en possession de son indépendance.
 Elle a franchi l'enceinte des temples ; elle a cessé d'être, comme
 en Egypte et dans l'Orient primitif, la voix immobile du sacer-
 doce attachée aux pierres des sanctuaires ; elle n'est plus écrasée
 par l'architecture, c'est elle, au contraire, qui la domine. En Grèce,
 la lyre bâtit les villes. Le poète, dès l'origine, parcourt librement
 les contrées ; il appartient à la race militaire et non plus à la
 caste sacerdotale, comme la Grèce tout entière qui semble com-
 mencer la vie sociale par l'âge héroïque et provenir d'une mi-
 gration guerrière échappée au joug des prêtres de l'Orient. Aussi
 l'affranchissement de la parole, comme celui de l'individualité,
 signale-t-il l'avènement de la Grèce. Aussi, chez elle, les arts de
 la parole, réunis sous le nom de musique, ont-ils, dès l'abord,
 une existence distincte et séparée des arts plastiques qui restent
 adhérents à l'architecture.
    Suivant le cours normal des âges, la Grèce voit la musique
 ou poésie primitive et l'architecture se démembrer, et les arts
 divers qui dérivent de ces deux synthèses, conquérir une vie
 propre. A des époques cependant très-avancées et déjà pleine-
 ment historiques, nous trouvons , dans ce pays, la peinture et
la statuaire encore dépendantes de l'architecture, et la poésie en-
 core unie à la musique et à la danse. Pendant la période cul-
 minante de l'art grec par excellence, de la statuaire, sous Phi-
 dias, du temps de Périclès, la sculpture n'exécutait rien qui ne
 fut destiné à rentrer dans l'harmonie du temple ; bas-reliefs et
 statues, tout était encore adapté à l'édifice religieux. Phidias,
malgré les soupçons d'impiété qui pèsent sur lui, ne sculptait
que les cérémonies religieuses et les figures encore tradition-
nelles de la Divinité. Le Jupiter olympien et la Minerve du
Parthenon avaient certaines formes voulues par l'architecture
religieuse dans laquelle ils devaient s'encadrer. L'existence des
statues isolées sur les places publiques ou dans les maisons et
les jardins, est très-postérieure à Phidias. La statuaire ne des-