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     96                DE L'UNITÉ DES A.RTS.
  du monde idéal. La poésie offre ainsi dans sa virtualité plus
  puissante que celle de l'architecture, comme une réunion de
  tous les autres arts; elle obtient leurs effets divers, elle applique
  toutes leurs lois, elle en demeure enfin l'archétype universel.
     Nous assisterons par l'histoire, chez tous les peuples anciens
  et au sein même de la civilisation née du christianisme, à ces
 diverses phases du développement des arts ; à partir de la syn-
 thèse primitive de toutes leurs formes dans le sanctuaire de l'art
 religieux identique au culte. Chaque nation a vu s'opérer chez
 elle le démembrement successif des arts, dans les limites que
 comporte l'âge de l'humanité auquel correspond la vie de cette
 nation.
    Dans la civilisation la plus antique et la plus primitive qui
 nous soit connue, dans l'Inde, l'art, né sous sa forme la plus
 synthétique et la plus complète, avec les gigantesques hypogées
 qui servaient de temple au panthéisme de l'extrême Orient,
 l'art se divisa pendant la suite des siècles jusqu'à produire cette
 multiplicité de genres qui témoigne du travail analytique des so-
 ciétés les plus avancées. A. des époques déjà reculées, la poésie
 et la philosophie de l'Inde avaient atteint ce raffinement, cette
 subtilité qui, en tenant compte des lois imprescriptibles du génie
 oriental, rappellent les plus fines dépravations de goût de notre
 dix-huitième siècle. L'histoire de ce pays, resté pourtant station-
 naire dans ses formes politiques et religieuses, est un abrégé com-
plet de l'histoire de l'esprit humain en dehors de la tradition chré-
 tienne.
    Un exemple, précieux pour nos théories, de cette union de tous
les arts dans un seul et au sein de la religion, union qui caractérise
leur état primitif, nous est donné par une civilisation unique dans
l'histoire, qui est morte tout d'une pièce sans avoir été entamée
dans son essence, sans avoir jamais franchi le degré où la plaçait
l'ordre de sa naissance dans l'âge des sociétés humaines. L'Egypte,
quoiqu'elle eût subi trois conquêtes, trois dominations étrangères
avant de s'anéantir entre le christianisme etl'islamisme ; l'Egypte,
sous les proconsuls romains comme sous les Ptolomées et les
Satrapes, n'a jamais vu se modifier chez elle les rapports des arts