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                      DE L'UNITÉ DES ARTS.         .            387
sents sont si souvent contradictoires aux principes, que l'on
aboutirait aux lois les plus fausses si l'on se contentait de les
chercher dans les données de l'observation. Pour bien connaître
les lois générales des arts, leurs rapports légitimes et leurs
limites naturelles ,il faut les étudier dans l'ensemble de leur dé-
veloppement historique, et suivre en môme temps, dans l'intelli-
gence pure, toutes les transformations de l'idée rationnelle du
beau et de la notion générale de l'art qui en dérive.
   L'histoire comparée de la poésie et des beaux arts nous prou-
vera, par les faits, ces règles que nous trouvons dans notre rai-
son indépendamment de toute expérience. Elle nous montrera
ainsi, à plusieurs époques différentes, l'existence réelle de cette
union de tous les arts sur un tronc commun, union que nous
avons déjà préjugée par la théorie. Nous verrons, par l'histoire,
qu'à un certain moment de la vie de toutes les sociétés, les
arts divers étaient subordonnés au même but, tout en retenant
chacun la variété de leurs moyens ; que nul d'entre eux ne jouis-
sait de cette indépendance sans frein qu'ils ont affectée depuis ;
et que, cependant, par cela même qu'ils étaient constitués dans
une hiérarchie, dans une harmonie, on ne les voyait jamais
commettre les uns sur les autres ces empiétements et ces em-
prunts contre nature qui amènent la confusion et les symptômes
 de décadence dont nous sommes aujourd'hui témoins.
   Telle est surtout l'utilité de l'histoire ; elle nous présente au-
tre chose qu'une vaine satisfaction de curiosité, mais elle ne
 saurait nous offrir d'enseignements certains, de principes abso-
 lus. Les faits que l'histoire nous fournit n'ont de sens que subor-
 donnés à des théories préconçues et basées sur les données de
 la raison. Dans toute science, dans l'esthétique comme dans la
 politique, comme dans les sciences naturelles, l'histoire n'en-
 gendre, réduite à elle-même, aucune règle absolue ; son rôle est
 surtout de servir de contr'épreuve aux règles que découvre
 notre intelligence en les déduisant des idées rationnelles. C'est
 ainsi que la notion du beau, telle qu'elle se pose en nous
 au sein de l'idée générale de l'être, nous a révélé déjà cette loi
 commune des arts, ces théories fondamentales de l'esthétique,