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388 DE L'UNITÉ DES ARTS. dont nous allons demander la confirmation aux faits de l'histoire littéraire qui, dans leur ensemble, se développent d'une façon ré- gulière et fatale, c'est-à -dire conformément aux lois rationnelles. Enonçons d'abord ces principes qui nous sont donnés sur la nature et le but de l'art, indépendamment de toute connaissance historique de la marche des civilisations. L'art est un. Les arts particuliers, démembrés de cet art gé- néral, ont entre eux le même principe, le même but, les mêmes règles que lui. Comment se posent, dans notre raison, l'origine et la fin de l'art ? La notion de l'être, d'une réalité existante par elle-même, domine toutes les autres dans notre intelligence ; toutes les opé- rations de notre esprit se rapportent en définitive à cette idée absolue de l'être ; toutes nos sciences, tous nos arts en dérivent ; l'art et la science ne peuvent avoir un but étranger à cet être. Relativement à lui, tout acte de notre intelligence a nécessaire- ment une de ces deux fins : d'abord le connaître, c'est-à -dire contempler en lui quelqu'un de ses innombrables attributs ; se- condement, exprimer cette connaissance dans un des modes de manifestation qui sont au pouvoir de la pensée humaine. La science et l'art, chacun suivant ses lois particulières, ont donc pour but identique de raconter, d'énumérer, de manifester les propriétés de l'être, de la réalité existante par elle-même. Cette réalité absolue, infinie, c'est Dieu dont l'idée se pose d'elle- même dans notre raison, et dont le sentiment préexiste à tout autre dans notre cœur. La notion de Dieu, le sentiment de l'in- fini, tel est donc le principe de l'art comme de la science. Mais la science peut rester toute intérieure , c'est l'idée pure ; l'art en diffère en ce qu'il est essentiellement une manifestation ex- térieure ; l'art, c'est l'idée exprimée, revêtue d'une forme, en un mot l'idée incarnée. Manifester ce que nous sentons de l'être absolu, de l'infini, de Dieu, le faire connaître et sentir aux au- tres hommes, tel est, dans sa généralité, le but de l'art. C'est donc la réalité par excellence que l'art cherche à repré- senter ; mais une réalité toute intérieure, toute invisible. Cette idée, que nous portons en nous, de l'infini, de l'absolu, corres-