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356 LA SYMPHONIE DU BLEU. Et toi qui m'as charmé si souvent, doux berger, C'est lorsque j'azurais tes nuits italiennes De mes pâles saphirs, qu'assis sous ton verger, Tu mariais ta voix aux voix éoliennes. Vieux tailleur de Paros, Phidias ! Phidias ! C'est dans ma profondeur, sous le bleu de mes voiles, Que tu vis défiler tes rapides combats, Et tes chœurs descendus sur des rayons d'étoiles. 0 Gluck , ô Bethowen , ô Mozart, ô Weber, Musiciens que l'art inondait de ses flammes, Lorsque vous aspiriez l'infini de l'éther, Que de fois mes accords ont chanté dans vos âmes.' Et toi, grand Don Juan, toi le plus grand de tous, Le chercheur d'infini dans l'ombre et la lumière, Le sublime rêveur, dont les baisers jaloux Se posaient, pour aimer, sur la nature entière ; Toi le maître puissant, toi l'artiste profond, Toi le rival des dieux, toi le fier Prométhée, Qui sentais déchirer ton cœur, gouffre sans fond, Sous le bec du désir et sa serre indomptée ; N'est-ce pas, Don Juan, qu'en tes nuits de douleur, Alors que s'enfuyaient tes pâles adorées, Moi seul ai pu combler le vide de ton cœur, Et noyer tes chagrins sous mes vagues sacrées ? Dans mon azur serein, ô chasseur d'idéal, Ta lèvre insatiable, un moment assouvie, Buvait enfin l'amour sur le sein virginal De l'amante inconnue et toujours poursuivie.