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LA SYMPHONIE DU BLEU. Amant désespéré, tu trouvais en moi seul Le fantôme divin dont tes mille maîtresses, Mortes de tes baisers, n'étaient que le linceul, Le linceul qu'en jouant déchiraient tes caresses. Ah ! tu me comprenais, Don Juan, demi-dieu, Toi dont rien ne pouvait éblouir la paupière, Toi dont mes profondeurs gardent l'âme de feu, Depuis que t'a tué le Commandeur de pierre. Et toi, rimeur obscur, barde mystérieux, Quand l'inspiration daigne toucher ta lyre, Tu sais à quel foyer cette fille des dieux Prend l'ardente étincelle allumant ton délire. Tu le sais, ô songeur, toi qui, dans ce moment, L'âme et les yeux perdus dans le bleu de mes plaines, Le cœur rempli de paix et de recueillement, Ecoutes mes concerts vierges de voix humaines. III. Ainsi, sous son manteau de lapis lazulli, Chante le divin Bleu. Cependant les étoiles, Devant le char du jour, s'enveloppent de voiles, Et la blanche Phœbé cache son front pâli. L'Orient vaporeux s'allume et se colore ; L'homme dans les cités, les choses dans les champs S'éveillent, et partout les clameurs et les chants, De l'éternel azur couvrent l'hymne sonore,