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306 NOTICE BIOGRAPHIQUE L'abbé Pierre-Etienne Bonnevie , chanoine de notre antique métropole, est mort presque ignoré ; aucune inain amie n'a ef- feuillé la moindre fleur sur son tombeau ; aucune voix n'a rompu le silence qui s'est fait sur sa dépouille/ Est-ce oubli? est-ce indifférence ? est-ee mépris ? non; c'est simplement injustice. L'abbé Bonnevie méritait une mention de» plus honorables au milieu d'une ville, devenue sa patrie adoptive. Ses nobles exemples , son zèle infatigable, sa parole spirituelle toujours prête à célébrer ou les solennités religieuses, ou les œuvres de charité et de bienfaisance, ou les illustres morts que nous avions à pleurer, tout cela joint à son amour pour les pauvres, à l'exil qu'il avait enduré plutôt que de trahir sa foi, ne devait-il pas lui assurer un honorable souvenir au milieu de nous? Pierre-Etienne Bonnevie naquit, le 6 janvier 1761, dans la petite ville de Réthel, en Champagne. Ses parents ne lui don- nèrent pas plus de fortune que de renom {il se fit lui-même la position honorable qu'il occupa jusqu'à la fin de ses jours. L'ou- verture de son esprit, la facilité de sa mémoire pendant son enfance, ayant attiré sur lui l'attention d'une noble et pieuse dame qui aimait à verser des bienfaits parmi le peuple, elle prit le petit Pierre sous sa haute protection, et le fit entrer au Col- lège de Rheims, où il eut bientôt l'occasion de manifester ses précoces talents et son goût pour les lettres ; il alla ensuite à Paris, au Collège de Louis-le-Grand, pour y terminer ses étu- des d'humanité, et fit sa philosophie à celui de Lisieux. C'est là que le jeune Bonnevie entendit le trop célèbre Dupuis, professeur de rhétorique, faire, dans un discours latin, l'éloge funèbre de Marie-Thérèse, mère de l'infortunée Marie-Antoinette, reine de France ; cet éloge, disait Tabbé Bonnevie, était empreint de sen- timents religieux, qui n'étaient pas ceux de l'orateur, mais il parlait au nom du corps universitaire qui alors était chrétien. JLa vocation du jeune étudiant s'étant déclarée pour l'état ec- clésiastique, le séminaire de Saint-Louis lui ouvrit ses portes, et il s'y rendit habile dans la doctrine et la littérature sacrées, tout en suivant les cours de la théologie morale et dogmatique à la