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SUR L'ABBÉ BONNEVIE. 307 Faculté de cette ville. D'abord, bachelier ès-lettres, il obtint, après une thèse soutenue avec honneur, le titre de docteur ; c'était en 1786 : déjà il avait été promu au diaconat, et promet- tait dès lors à l'Église un éloquent défenseur contre de nom- breux adversaires que l'impiété et l'incrédulité de cette époque faisaient surgir de toutes parts. 11 fallait alors un véritable cou- rage pour embrasser l'état ecclésiastique ; le bruit de l'orage, qui devait secouer avec tant de violence l'arbre séculaire de la re- ligion commençait à se faire entendre ; les colonnes antiques qui soutenaient la voûte de notre édifice social, commençaient à trembler ; l'avenir et un avenir prochain était menacé des plus terribles catastrophes. C'est au milieu de ces signes avant-cou- reurs que l'abbé Bonnevie se dévoua, par le plus généreux sa- crifice, à la persécution et à l'exil, en courbant sa tête sous le joug sacré du sacerdoce. A peine fut-il honoré du saint ministère, que l'évêque de Verdun voulut se servir des prémices de son zèle pour l'éduca- tion de la jeunesse, il en fit un professeur de rhétorique dans le Collège de sa ville épiscopale. Mais son goût pour la prédica- tion l'emporta sur tous les autres exercices du saint ministère, et de brillants succès l'attendaient dans la chaire évangélique. Un de ses premiers discours fut l'éloge de Bayart, le chevalier sans peur et sans reproche. La ville de Mézières célébrait, chaque année, le souvenir de la victoire que remporta le preux chevalier contre l'empereur Charles-Quint, qui l'assiégeait avec des forces considérables, en 1521. L'abbé Bonnevie fut chargé de célébrer la gloire du vainqueur dans un discours qu'il prononça le 27 septembre 1789 ; et il la célébra avec cette indépendance de la parole, cette liberté de la tribune sainte, ce noble langage qui relève les nobles actions, et qui convenait si bien à la mémoire d'un héros aussi grand, aussi modeste, aussi simple que Bayart. L'abbé Bonnevie avait terminé l'éloge de Bayart, en deman- dant à Dieu de donner « la victoire à Louis, et des Bayart à la France. > Le ciel n'exauça que la seconde partie de sa prière ; au lieu de la couronne des vainqueurs, il ne donna au roi