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              LA VILLE DE LYON ET L'ILLUSTRATION.                        239
donc pas possible d'avoir des correspondants plus exacts? Un
jour, et une autre plume, celle de M. Léon Boitel (1), en a déjà
fait justice, il nous montre les négociants de Lyon assis de-
vant la porte de leurs sombres magasins, une pipe à la bouche
et un pot de bière à côté d'eux. Il a oublié de nous dire qu'ils
sont blonds, avec des yeux bleus, un gros ventre, et qu'ils
ferment la boutique aussitôt que l'église de Sainte-Gudule a sonné
l'heure du couvre-feu. Le tableau serait alors complet. Seu-
lement , au lieu de : Vue de Lyon, il faudrait mettre au-dessous :
 Vue de Bruxelles; ce n'est qu'un titre à changer. Quand Paul
Véronèse peint de belles femmes en robe de soie, des cavaliers
avec un chapeau à plumes et des dentelles, une table richement
servie, et çà et là des Pages avec des lévriers, il dit : Voici les
Noces de Caria, et on lui pardonne en faveur d'une grande et
fière composition et d'un magnifique coloris. On ne permettrait
pas une telle licence à nos peintres modernes, et l'on fait bien.
Nous ne serons ni plus faciles ni plus coulants avec les écrivains.
Qu'on nous montre tels que nous sommes, c'est de notre part
peu d'exigence. Nous ne sommes pas beaux, cela est possible ;
qu'on nous fasse laids ; mais, pour nous offrir en holocauste aux
beaux esprits de Paris, qu'on nous prête des ridicules ou des
 défauts que nous n'avons pas, c'est ce que nous ne sommes pas
disposés à souffrir. La révolte est bien alors le plus saint des
devoirs. On sait à Lyon tout aussi bien qu'à Paris comment
ces devoirs-là se remplissent.
   Une autre fois, toujours d'après l'Illustration, Lyon est riche
d'un affreux monument appelé : Cheval de Bronze. Il représente
Louis XIV. Autour du piédestal de la malencontreuse statue
règne cette inscription, dernier effort du génie de nos savants .-
Liberté, Egalité, Fraternité. Ceci est le chef-d'œuvre du citoyen
Lemot, statuaire lyonnais. Cette inscription, dont nous sommes
loin d'admirer la beauté, n'est point due, comme le croit l'Illus-
 tration, au génie des savants de notre ville. C'est un produit

   (i) Voir la i r e série de la Revue du Lyonnais, un article intitulé : Lyon
vu dans Vllhmration, tom. XXVII, p. 97.