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240 LA VILLE DE LYON ET L'ILLUSTRATION. des agitations de 1848. Celle qui existait auparavant : Ludovico magno Lugdunenses, irritait les nerfs des Voraces. Quelques hommes, non contents d'enlever les paroles, voulaient enlever aussi la statue (1). Pour se faire comprendre de cette foule ameu- tée et parler sa langue, on écrivit ce qui prête tant à rire à l'Illus- tration, et le monument fut sauvé. Nous sommes heureux d'ap- prendre au journal de Paris que la statue est encore debout, mais que l'inscription n'existe plus. Voilà que, dans un numéro du mois dernier, ce Recueil donne à ses lecteurs une Vue qui représente, à ce qu'il dit : le Président de la République arrivant à Lyon et débarquant au port de la Ghana. Ici rien qui puisse nous blesser ; il n'y a qu'un char- mant dessin et deux lignes de texte. Evidemment nous n'avons que des remercîments à donner au journal qui trouve assez de pittoresque à notre ville pour nous consacrer une page et repré- senter un coin d'une cérémonie qui n'a pas manqué de gran- deur. Eh bien ! voyez le malheur. Cette foule immense couvrant les quais, les rues et les maisons, ce vaste amphithéâtre dominé par Fourvières et coupé par la Saône, les rochers de Pierre-Scise et des environs, l'Homme-de-la-Roche sur son piédestal abrupt, le brillant cortège suivant le Président sur le pont du Change, ou vers la cathédrale, ou sur l'immense place de Bellecour, les cuirassiers, les dragons, les hussards, les vétérans de l'Empire avec leurs aigles et leurs drapeaux, rien de tout cela n'a frappé le dessinateur de l'Illustration. M. C. choisit justement le côté le moins pittoresque de la scène. Je sais qu'on peut faire un bon poème avec Childebrand, mais le tout est d'y réussir. En se mettant un peu plus haut ou un peu plus bas, l'artiste avait, comme encadrement pour son tableau, des rochers, des maisons de campagne bien posées, des terrasses hardies, et cela tout en respectant l'arrivée du Président. L'artiste n'a rien vu. Il s'est mis de face. Là il avait encore un joli coteau, des maisons et le vaste bâtiment de la Solitude ; il a oublié la Solitude, changé les maisons et le coteau, et il les a remplacés par un mamelon (t) Voir la Bévue du Lyonnais de 1848, tom. XXVII, pag. 260.