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236             JÉSUS CHEZ MARTHE ET MARIE.
n'a plus pour point de comparaison qu'un corps diminué de
hauteur ; mais qu'en s'élevant au niveau , tout rentre dans les
proportions voulues.
   Dirons-nous que l'arrangement des pieds de Marie a quelque
chose de forcé et de disgracieux? Cela peut être; mais fran-
chement, il nous semble qu'un front ne cesse pas d'être beau,
parce qu'une mouche s'y est posée, et que la critique doit rester
à la hauteur de sa dignité, lorsque rien ne la force à descendre.
   Voilà, dans toute sa franchise, le résultat de l'étude cons-
ciencieuse que nous avons faite de ce beau travail. Comme faire,
cela distance de bien loin tout ce que M. Fabisch a créé ; comme
art religieux, c'est plein de pensée et admirable d'expression,
et il fallait la foi de M. Fabisch pour mener à bien une œuvre
qui eût embarrassé peut-être plus d'un artiste à la mode. Ce
morceau capital assure la réputation de son auteur, Téputation
 d'autant mieux méritée, que M. Fabisch est fils de son travail
et de ses veilles.
   Au-dessous du groupe et sur la face antérieure de l'autel,
M. Fabisch a sculpté la résurrection de Lazare. Le sujet est
largement conçu et exécuté à la manière du sarcophage an-
tique.
   Sur le premier plan, Lazare sortant à moitié du tombeau,
la tête encore enveloppée de bandelettes, qu'un des assistants
s'empresse de dérouler. En face, Jésus, dont la voix puissante
vient de commander à la mort, et dont le bras s'étend en signe
de commandement. Derrière le Sauveur, Marthe, les yeux fixés
sur le tombeau, attendant le prodige auquel elle croit d'avance...
et, à ses pieds, Marie, les cheveux épars et toute en larmes, ne
regardant que son divin Maître : puis, de chaque côté, des Apô-
tres, des Juifs... les uns avecle sentiment de l'incrédulité, les
autres avec celui de la curiosité, etc. C'est encore la traduction
fidèle de la narration évangélique. Quoique d'une portée moins
grande que le groupe supérieur, ce sujet se ressent des études
consciencieuses de l'artiste. Certes, on n'accusera pas M. Fa-
bisch d'avoir sacrifié la forme à l'idée. On ne dira pas qu'il a
donné à ses corps les proportions grêles qu'on reproche à l'art