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                     DE NAPOLÉON A LYON.                      229

Deux immenses rotondes élevées aux deux extrémités de la
place contenaient des orchestres, et on dansa toute la nuit, en
dépit du froid. La population entière était sur pied et encom-
brait les rues, les places et les quais éclairés comme en plein
jour. On ne voyait aux maisons que devises et transparents. Sur
l'un d'eux, au café Casati, place du Collège on avait représenté
Diogène qui éteignait sa lanterne à la vue de Bonaparte con-
duit par Minerve, et disait à un lion couché sur des ruines :
 Enfin je trouve un homme -, Lyon, réveille-toi.
   La journée du 15 fut employée à visiter nos manufactures.
Accompagné de Joséphine et du ministre de l'intérieur, sous
la conduite des maires, Bonaparte se rendit dans les maga-
sins des principaux fabricants. Chez MM. de Barre, Théoleyre et
Dutilleux, un métier travailla en présence des augustes visiteurs
et acheva un écran de velours portant le chiffre de Bonaparte.
Le sieur Picard, dessinateur renommé, lui offrit un tableau en
étoffe représentant un vase allégorique, et M. Terretun autre eu
velours. Le lendemain, Bonaparte écrivait aux consuls à Paris :
« J'ai été satisfait de l'industrie et de la sévère économie dont
j'ai cru entrevoir que la fabrique de Lyon use envers ses ou-
vriers. »
   Le soir, il assistait, avrc sa femme, au Grand-Théâtre, à une
représentation de Phèdre et du Legs.
   Le 20, les autorités lyonnaises donnaient en l'honneur de
Joséphine une nouvelle fête au Grand-Théâtre. La salle offrait
la même décoration que pour le précédent bal, seulement on y
avait ajouté, dans le fond , un tableau représentant Àndroclès
tirant l'épine de la blessure du lion. L'affluence des spectateurs
était égale à leur enthousiasme. On remarqua que toutes les da-
mes , à l'exemple de Joséphine , étaient vêtues d'étoffes de soie
des fabriques lyonnaises.
   Le 25, le Ier Consul passa la revue des troupes qui se trou-
vaient à Lyon et dont une partie revenait d'Egypte. Ces troupes
étaient nombreuses, car, outre la garde consulaire et les gardes
du général en chef, il y avait alors dans notre ville sept demi-
brigades et deux régiments de cavalerie. Le temps était superbe,