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                        DROUET DE MAUPERTUY.                           221
      Ce fut en l'année 1692 qu'il revêtit l'habit ecclésiastique, à
  l'âge de quarante-deux ans. Il se retira en même temps dans
  un séminaire pour y prendre le véritable esprit de l'Eglise, en
  se dépouillant de l'esprit du monde. 11 y demeura cinq ans ; il y
  prononça quelques discours sur divers textes de l'Evangile. Des
 personnes qui y assistèrent, en recueillirent de mémoire quel-
 ques pensées qu'elles firent imprimer à l'insu de notre sémi-
 nariste, sous le titre de Pensées chrétiennes et morales sur di-
 vers textes de l'Evangile (1).
      De là, il passa dans la fameuse Abbaye de Sept-Fonts , où il
 travailla, pendant cinq autres années, à effacer de son esprit les
 fausses idées du siècle, et à arracher de son cœur les dange-
 reuses impressions que les passions y avaient formées.
     Dans le dessein qu'il conçut de remplir le vide et de réparer
 les défauts d'une vie toute mondaine, Maupertuy commença,
 dans cette sainte retraite, à s'occuper utilement et saintement ;
 mais, suivant toujours son goût pour les compositions fran-
 çaises , il voulut essayer s'il pourrait heureusement mettre en
 pratique, dans quelque ouvrage, les règles dont il avait toute sa
 vie fait une étude particulière.
     Il choisit donc pour cet essai les Institutions divines de Lac-
tance ; il n'en traduisit toutefois que le premier livre, qui traite de
la Fausse Religion (2). Un nouvel ouvrage qui lui fut proposé par
un fameux libraire de Paris (Louis Guérin), lui fit abandonner
Lactance pour Salvien. C'était l'auteur dont la traduction lui était
proposée comme tant désirée par le public, et entr'autres par des
prédicateurs, apparemment du second ordre, qui comptaient
trouver dans cet ancien Père des traits vifs et remplis de cette
véhémence et de ce pathétique qui l'ont fait surnommer le Jéré-
mie'de la France. Maupertuy répondit à leur attente, et le ju-
gement du public lui fut si favorable, qu'on disait communé-
ment que le Salvien de Maupertuy était bien au-dessus du Salvien
de Marseille (3).
  (i) Paris, Josse, i7o3,in-i2. Barbier, Anonymes, n° 13940.
  (•2) Publié à Avignon, en 1709, in-12. Barbier, Anonymes, i356o.
  (3) Il n'y a là qu'une exagération de panégyriste. La version de Salvien