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222 DROUET DE MAUPERTUY. Ces applaudissements flattèrent si agréablement notre soli- taire, et l'encouragèrent de telle sorte qu'il osa bien entrepren- dre la traduction des Actes des Martyrs, dont le R. P. Dom Ruinart, digne élève de Dom Mabillon, venait de publier le re- cueil. Cette production en deux tomes in-8° a eu un tel succès, surtout depuis quelques années, que l'on vient d'en faire une seconde édition, dont le débit a été si rapide qu'on est obligé d'en recommencer une troisième (1). Durant le séjour que Maupertuy fit à Sept-Fonts, il traduisit Jornandès (2), presque le seul historien que nous ayons de la nation des Goths, dont il a écrit les commencements et les di- verses incursions qu'ils firent dans les trois parties du monde, jusqu'au règne du grand Théodoric, roi d'Italie. Maupertuy quitta le désert de Sept-Fonts en 1702. Au sortir de cette solitude, il s'alla cacher dans une autre. Il y composa le petit livre des Sentiments d'un chrétien, touché d'un véritable amour de Dieu (3),dont il s'est fait dix éditions.Ce fut aussi dans ce lieu solitaire que, à la prière de plusieurs personnes de piété, il fit l'Histoire de la Béforme de l'Abbaye de Sept-Fonts (4). Son séjour dans cette nouvelle retraite ne fut que de huit ou dix mois, au bout desquels il reparut dans le Berry, où l'archevêque de Bourges (M. le cardinal de Gesvres), lui don.na un canonicat qu'il ne garda que deux ans. Appelé à Vienne en Dauphiné par l'arche- vêque Armand de Montmorin, il reçut les trois Ordres sacrés des mains de ce saint prélat, quatorze ans après qu'il eut pris est lâche et diffuse, sans couleur aucune. Elle fut publiée à Paris, chez Guérin, en 1701, i vol. in-12. (r) Ce recueil, souvent réimprimé, manque de fidélité, plus encore aux mœurs contemporaines qu'au texte des écrivains. En général, les versions de Maupertuy sont comme celles de ce temps-là , très-libres avec le texte, et dépouillées de toute poésie, fort insuffisantes conséquemment à donner une idée quelque peu juste de l'original. (2) Histoire générale des Goths, trad. du latin de Jornandès ; Paris, Bar- bin, i6o3 (lire 1703), 1 vol. in-12. — Barbier, n° 8rao. (3) Paris, 1702. Voir Barbier, Anonymes, n° 16953. (4) Paris, L. Guérin, 1702, in-12, Barbier, n° 7583.