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192                        LES INSUBRES
 vernement d'Ambigatus, que ses vertus, ses richesses et la pros-
périté de son peuple avaient rendu tout-puissant, la Gaule reçut
un tel développement par la fertilité de son sol et le nombre de
ses habitants, qu'il sembla impossible de contenir le déborde-
ment de sa population. »
    « Le roi, déjà vieux, voulant débarrasser son royaume de
cette multitude qui l'écrasait, invita Bellovèse et Ségovèse, fils
de sa sœur, jeunes hommes entreprenants, à aller chercher un
autre séjour dans les contrées que les dieux leur indiqueraient
par les augures : ils seraient libres d'emmener avec eux autant
d'hommes qu'ils voudraient, afin que nulle nation ne pût re-
pousser les nouveau-venus. Le sort assigna à Ségovèse les fo-
rêts Hercyniennes ; à Bellovèse, les dieux montrèrent un plus
beau chemin, celui de l'Italie. Il appela à lui, du milieu de ces
surabondantes populations, des Bituriges, des Arvernes, des Sé-
nonais, des Eduens, des Ambarres, des Carnutes, des Aulerques ;
et, partant avec de nombreuses troupes de gens à pied et achevai,
il arriva chez les Tricastins. Là, devant lui, s'élevaient les Alpes ;
et, ce dont je ne suis pas surpris, il les regarda comme des
barrières insurmontables ; car, de mémoire d'homme, à moins
qu'on ne veuille ajouter foi aux exploits fabuleux d'Hercule,
nul pied humain ne les avait franchies. Pour ainsi dire enfermés
au milieu de ces hautes montagnes, les Gaulois cherchaient de
tous côtés, à travers ces roches perdues dans les cieux, un
passage par où s'élancer vers un autre univers, quand un scru-
pule religieux vint encore les arrêter; ils apprirent que des
étrangers, qui cherchaient comme eux une patrie, avaient été
attaqués par les Salyes. Ceux-là étaient les Massiliens qui étaient
venus par mer de Phocée. Les Gaulois virent là un présage de
leur destinée : ils aidèrent ces étrangers à s'établir sur le rivage
où ils avaient abordé et qui était couvert de vastes forêts. Pour
eux, ils franchirent les Alpes par des gorges inaccessibles, tra-
versèrent le pays des Taurins, et, après avoir vaincu les Toscans,
près du fleuve Tésin, ils se fixèrent dans un canton qu'on nom-
mait la terre des INSUBRES. Ce nom qui rappelait aux EDUENS les
INSUBRES DE LEUR PAYS, leur parut d'un heureux augure, et ils