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170 BULLETIN MONUMENTAL au lieu d'un chant liturgique, un chœur de petits ménétriers debout devant un pupitre, derrière l'autel, chœur mal discipliné, depuis qu'on l'a dressé en orchestre, M. l'abbé Fichet debout, avec un bâton à la main, marquant la mesure comme on fait au théâ- tre, au lieu d'un chœur d'anges à genoux devant la table du sa- crifice. J'aime, je connais, je comprends, ce me semble, la musi- que autant que qui que ce soit ; mais je la veux à sa véritable place. Dans l'église, rien que les chants de l'église, faits pour elle, par elle, avec elle. L'orgue si intempestivement érigé à Saint-Jean de Lyon, sous l'influence d'une volonté qui a le droit de se faire obéir, continue à voiler la plus belle verrière de l'apside majeure. L'introduction de ce meuble dans un temple où nulle place pour lui n'avait été préparée par l'architecture, entraîne un autre malheur. Comme il occupe la région destinée au siège pontifical des fêtes maximes, on a été forcé de poser devant lui la carcasse de ce siège, qui, la plupart du temps, dépouillée de ses parements de soie et de velours, fait l'effet d'une véritable potence. Rien n'est plus à sa place dans ce vénérable sanctuaire, depuis les innovations si funestes à une église dont l'adage était Ecclesia lugdunensis novitates nescit. La musicomanie a porté le désordre en toutes choses, dans Saint-Jean de Lyon. Le grand chœur de cette basilique naguère si discipliné, se relâche ; les allées et venues autrefois interdi- tes pendant l'office, s'exercent avec une licence effrénée : tout participe à ce mouvement perpétuel introduit par les chanteurs de motets et les orchestres. Comme on innove sans cesse, on est moins sévère sur les candidats aux places vacantes parmi les officiers subalternes de l'église, et l'on ne s'attache plus à donner la préférence à ces figures calmes et liturgiques qu'on voyait jadis exclusivement chargées du service instrumentaire, dans le temple, et qu'on choisissait naguère encore avec un tact si parfait. Les vieux chanoines gémissent de cette confusion ; ils n'osent plus protester. Le concile provincial de Lyon s'est ouvert le 30 juin dernier, avec la pompe austère qui caractérise le cérémonial de la sainte