Revue du Lyonnais » série 2 - n°1 ( 1850 ) » pp.058

58             RESTAURATION ET AGRANDISSEMENT

l'empreinte. —Otez la dalle qui, à Lorette , s'est usée sous les
baisers des pèlerins : vainement la remplacerez-vous par une
nouvelle de même forme et de même granit, elle ne dira rien
de plus au cœur du croyant que la pierre du chemin. Le pres-
tige, le souvenir en seront évanouis.
    Ainsi donc le mal est fait. Remettre aujourd'hui la chapelle
de Fourvière dans son état primitif, ce serait se donner gra-
tuitement, à soi-même, un démenti, sans rien gagner au change;
ce serait peut-être avouer qu'on a eu des torts, à coup sûr, ce
ne serait pas les réparer, s'ils existent.
    D'autres personnes, assure-t-on, désireuses de conserver au-
tant que possible les données générales du plan entrepris l'an
dernier et d'éviter l'inconvénient signalé dans la consolidation
du clocher, ont songé à terminer simplement ce dernier en bois,
suivant à peu près les formes projetées d'abord. Ceux à qui ap-
partient cette pensée ne peuvent qu'être peu familiers aux prin-
cipes de l'art et de la construction. Ils ne se seraient pas arrêtés
sans cela à un dessein qui ne présente pas le cachet sérieux
et monumental que l'on est en droit d'exiger d'une conception
de cette nature.
    Un projet qui a fait plus de bruit dans notre ville, et pour
lequel des souscriptions assez abondantes ont même été re-
cueillies , c'est celui de l'érection d'une statue colossale de la
Vierge sur le clocher même de la chapelle , comme un témoi-
gnage de la foi des chrétiens lyonnais et un symbole de la pro-
tection spéciale qu'ils attribuent à la mère du Christ en faveur
de leur cité. On avait, en outre , l'intention de dorer cette sta-
tue, et un éclairage, habilement disposé, devait permettre de la
discerner la nuit des divers points de Lyon, d'où Fourvière se
découvre.
    Nous ignorons ce qu'est devenu ce projet, aujourd'hui que
l'état de solidité des points d'appui ne permet pas de penser à
l'accomplir d'après les dispositions primitives. Nous ne savons
s'il est vrai, comme on l'assure, qu'on ait proposé de placer la
statue sur l'abside, ou même, comme y ont songé quelques
esprits, auxquels on ne refusera pas du moins le mérite de l'ex-