page suivante »
18 SAINT-MAURICE-DE-VIENNE. nemment française, qu'on la trouve au cœur de la nationalité : l'architectonique ogivale s'y manifesta, y prit naissance avec le concours des idées rhémoises, picardes, normandes, ligérines ; et bientôt, sous le puissant et mâle génie de Robert de Luzar- ches, surgit le Parthénon de cette école : Notre-Dame d'Amiens. Plus on s'éloigne du point de départ de cette sublime expression par l'art, de la société du moyen-âge, de ses modèles, de ses types absolus et souverains, plus aussi on remarque d'oscilla- tions et de divergence dans le mouvement qui tendait à en re- produire l'image. Dans les zones supérieures à la région géné- ratrice, posées sur le courant du nord,la forme ascensionnelle gagne en acuité, mais son ornementation devient barbare : dans les zones inférieures placées sur le courant du midi, en relation avec les idées, les mœurs, les traditions, les goûts italiques, l'os- sature ogivale fléchit, mais elle se couvre de profils plus châtiés et plus purs. Ainsi le ciel, les paysages, l'histoire, le voisinage, les instincts particuliers ont imprimé à l'art du moyen-âge, sur une terre qu'embrasse la même nationalité, où se parle la même langue, dans l'axe continu des archétypes ogivaux, d'évidentes modifications qu'il importe de comprendre. De la Méditerranée à Langres, l'architectonique ogivale se pro- duisit en corps plus qu'en esprit, et n'entra qu'accessoirement comme forme dans le génie et le fond romano-byzantins. A Vienne particulièrement assis sur les marches du midi fran- çais, dont il semble l'avant-poste, les idées antiques préva- laient en architecture .- nulle part le conflit entre les deux cou- rants d'art ne fut aussi prononcé qu'ici. L'esthétique du nord parla avec un ton d'autorité qui amena l'esthétique méridionale à une transaction, et l'admirable basilique de Saint-Maurice est le gage de cet accord. Toutefois, comme les idées venues d'en haut s'étaient ici réservé le principal rôle, le grand édifice qui va nous occuper doit être classé parmi les types de l'ère ogi- vale, et se rattache à cette série de monuments ecclésiastiques dont le noyau est si loin de nous. Et, quand j'ai dit avec quelle persévérance l'esprit roman avait régné dans les trois siècles virils du moyen-Jâge, sur toute cette terre qui s'étend de Mar-