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132 LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. célébrée plus tard sous le nom ^entente cordiale, et qui, tra- versée par plusieurs vicissitudes plus ou moins sérieuses, ne fut dôfinilivement rompue qu'en 1846, par les mariages es- pagnols. Le roi s'appliqua toutefois à calmer le mécontente- ment du czar Nicolas en envoyant à Saint-Pétersbourg comme ambassadeur le duc de Mortemart, qu'il savait être person- nellement agréable à ce monarque. Cependant la faveur populaire continuait à entourer la royauté nouvelle. La foule se pressait dans les cours du Palais-Royal au chant de la Marseillaise ou de la Parisienne, sa pâle imitation, et le roi, répondant à cet appel, ne dédai- gnait pas de donner aux plus obscurs citoyens des témoigna- ges d'une affectueuse familiarité. De nombreuses députations des communes et des gardes nationales des départements étaient admises auprès de lui; et, en répondant avec une parfaite aisance à leurs félicitations, il ne négligeait aucune occasion d'exposer et de répandre ce système de politique mixte qui, sous la dénomination bizarre de juste-milieu, n'a cessé d'inspirer la monarchie de juillet. Les chefs de ces députations étaient admis à la table de la famille royale, et plusieurs jeunes gens des écoles, héros improvisés des trois journées, participaient à la même faveur. Jaloux de décli- ner toute solidarité avec la Restauration, le gouvernement avait fait amnistier par une loi tous les condamnés politiques depuis 1815, et La Fayette s'était fait un honneur de pré- senter au nouveau roi ces prétendues victimes, en prenant fièrement la qualité trop bien méritée de leur complice. Des gratifications pécuniaires accordées aux plus nécessiteux ou aux plus compromis d'entr'eux, complétèrent la déplorable glorification de ce principe insurrectionnel que le gouverne- ment ne pouvait méconnaître sans se renier lui-même. La presse aux mille voix exaltait à l'envi les vertus, l'affabilité, les grûces des princesses de la maison d'Orléans, les talents