Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                 LOuis-PHiuppiî D'OKLÉÂNS.                133

et l'éducation libérale des fils du roi. Les ducs d'Orléans et
de Nemours s'étaient fait inscrire sur les contrôles de la
garde nationale, comme de simples citoyens. La reine, cette
fîère et vertueuse princesse, cet ange de la famille, visitait
les blessés, soulageait les pauvres, et semblait moins touchée
de son élévation que des malheurs de ses proches, victimes
résignées de rancunes plus opiniâtres qu'éclairées. Ces senti-
ments n'étaient pas partagés par la multitude, encore enivrée
de son triomphe inattendu. D'odieux libelles, d'ignobles ca-
ricatures , où la double grandeur de l'infortune et de la
royaulé recevait les plus lâches outrages, se vendaient publi-
quement sous les voûtes de ce Palais-Royal où Charles X
était, il y a deux mois à peine, entouré de respects et d'hom-
mages. Le parti légitimiste refusait de plus en plus son con-
cours à un pouvoir qui blessait si vivement ses affections et
ses principes. «Dieu est juste, s'écriait Chateaubriand, et
Dieu ne voudra pas que Louis-Philippe, ce faux roi, meure
en paix dans le lit sanglant de Louis XVI, où il s'est couché
furtivement. » L'hostilité croissait en raison de la personne
môme du prince, de son origine et de ses antécédents.
Par sa double qualité de Bourbon et de représentant des
intérêts de 89, le duc d'Orléans était sans contredit le seiq
homme capable d'imprimer une direction régulière et stable
 à ce mouvement révolutionnaire qui, abandonné à lui-même,
 eût disparu tôt ou lard dans les convulsions sanglantes de
l'anarchie. Un grand nombre d'officiers de tout grade, fidèles
 à la religion du serment, avaient refusé de prendre du ser-
 vice sous le nouveau régime. Un pair démissionnaire, M. de
Kergorlay, homme d'une fermeté toute bretonne, expiait par
six mois de prison et 500 francs d'amende le courage d'a-
 voir écrit que le fils du régicide était « de tous les Français
 « le plus incapable de sauver la France, parce qu'il était ce-
 « lui à qui l'usurpation dût sembler plus criminelle. »