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VOYAGE m ÃCAfilE. 87 la chirurgie qui fait parler les muets , entendre les sourds , voir les aveugles, accoucher les femmes presque sans dou- leur (Page 120) et rend leurs membres à beaucoup de mal- heureux qui s'en trouvaient privés. Mais tous ces prodiges ne doivent pas me faire passer sous silence les soins intelligents que la société donne à l'amélio- ration de la race icarienne. M. Cabet nous enseigne que le peuple travaille continuellement h atteindre ce but. Le blond choisit une brune , le brun, une blonde, le montagnard, une fille de la plaine, et allez donc ! car le bon Icar , comme le bon docteur Primerose , n'entend point qu'on se borne à parler de population... et il en résulte quel'Icarie, qui n'avait que 25 millions d'habitants , en possède , d'après le dernier recensement, 50 millions , et quelle race ! Seulement, — il faut toujours en venir là , — le peuple icarien ressemble au public de Lemierre : on ne sait pas où il se fourre ! Sur ce sujet intéressant, l'historien de la République ima- ginaire nous apprend encore qu'elle « négocie avec plusieurs des plus beaux peuples étrangers pour avoir un grand nombre de beaux enfants des deux sexes qu'elle adopte , élève et marie avec ses propres enfants. Quelque magnifiques que soient déjà les résultats de ces expériences , on ne saurait dire jusqu'où s'étendent les espérances des savants d'icarie sur le perfectionnement physique et intellectuel de l'humanité. » Les savants d'icarie ont sans doute la vue plus longue que les savants des peuples connus ; ils peuvent entrevoir pour l'homme des perfectionnements inouïs jusqu'ici ; mais pour nous qui n'avons pas une telle audace d'espérance , il nous semble , en fait de perfection intellectuelle , qu'un Newton ou un Guvier , un Corneille ou un Shakespeare ne sont pas des spécimen à dédaigner. Quant au perfectionnement phy- sique , il appert que notre vieille France n'est pas encore si abandonnée de Dieu , des hommes et des femmes, qu'on ne