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82 VOYAGE EN ICARIE. beaucoup de sorub qui , combiné avec le peu qui nous reste encore d'argent, de cette peste dont le bon Icar a délivré 17- carie , pourrait raviver nos manufactures et nos bou- tiques , autre peste que le bon Icar a fait disparaître A'icara , et que Paris s'obstine encore à conserver par pure routine. Mais M. Cabet ne s'en tient pas à la découverte d'un nou- veau moteur : il a encore trouvé le moyen tant cherché de diriger les ballons. Ceci exige citation : « Dans une cour immense remplie de spectateurs , cin- quante énormes ballons , contenant chacun quarante ou cin- quante personnes dans sa nacelle pavoisée de mille couleurs , attendaient le signal du départ, comme cinquante malles- postes ou cinquante diligences. Au signal donné par la trompette , les cinquante ballons s'élèvent majestueusement au milieu des adieux réciproques et au son des trompettes qui se font quelque temps entendre au haut des airs. Puis, arrivés à une certaine hauteur , diffé- rente pour chacun d'eux , tous prennent leur direction dans tous les sens , et disparaissent comme le vent, longtemps suivis cependant à l'aide de télescopes braqués sur eux. On les dirige à volonté, me dit Valmor, à droite ou à gauche, en haut ou en bas , et l'on ralentit ou l'on précipite leur vol. Ils s'arrêtent el descendent souvent sur les villes situées sur leur passage , pour déposer des voyageurs ou pour en prendre d'autres. On dit même qu'ils feront bientôt le service de la poste aux lettres. On ajoute encore qu'ils ser- viront de télégraphes. Au même instant , nous entendîmes crier : Le voici ! — C'était le ballon de Mora , dont on attendait l'arrivée, et qu'on apercevait comme un point à l'horizon. Nous le vîmes bientôt au-dessus de nos têtes , tournoyer , descendre lentement dans la cour et déposer ses voyageurs et ses paquets. »