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VOYAGE EN ICAR1E. 83 Et il n'y a pas moyen , comme on voit, de douter de la véracité du récit : c'est Eugène qui a vu ces merveilles ; il invoque le témoignage de Valmor ; ils ont vu ensemble arriver le ballon de Mora : comment ne pas croire à de telles autorités ! Et il ne faudrait pas supposer non plus que les ballons d7- cara soient faits à l'usage exclusif des Icariens qu'on pourrait croire d'une nature plus éthérée que le commun des hommes : ils transportent les étrangers de toute nation et de substance plus ou moins aérienne. Mais les merveilles se suivent et ne se ressemblent pas. Dans le même chapitre où l'invention pour diriger les ballons est, non pas révélée, mais affirmée , il est dit : Nous avons trouvé le moyen (c'est le sensé Valmor qui parle) d'imiter le mécanisme des poissons comme celui des oiseaux, et de nous diriger dans la mer en en parcourant à volonté toutes les profondeurs , comme de nous diriger dans l'air en en parcourant toutes les hauteurs. » Un jour que l'esprit du bon Icar était porté sur les eaux , comme parle la Genèse, il a fait cette découverte. La terre ne suffit plus au génie inventif de l'auteur; il lui faut encore le ciel et la mer. M. Cabet résume en lui seul Jupiter , Nep- tune et l'antique Cybèle ! C'est à se perdre dans toutes ces hauteurs et dans toutes ces profondeurs. Mais voyons un peu , citoyen Cabet, finissons-en avec cette mystification obstinée qui revient toujours dans votre livre. Expliquez-vous nettement : si vous avez de telles dé- couvertes ; si vous avez un moyen certain de préserver ou de guérir du mal de mer et de l'hydrophobie , comme vous le dites quelque part ; si vous pouvez diriger les ballons dans l'air et les bateaux sous les vagues , malgré vents et marées, dites-le et surtout prouvez-le ! Et vous aurez plus fait pour l'humanité et pour votre propre gloire , qu'en karisant le