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                              VOVAGK EN ICARIB.                           81

    eût été un pauvre relieur dans ce pays de perfectionnement,
    Thomas Baptiste y paraîtrait un carrossier bien arriéré. Quant
    aux chevaux , ils sont , bien entendu , supérieurs à tout ce
    que les haras anglais peuvent produire de plus parfait. Seu-
    lement, je m'attendais à quelque allure particulière au che-
    val icarien , et j'ai été désappointé quand, dans le récit
    d'une promenade au bois de Boulogne d'Icara , j'ai vu que
    ces fiers coursiers vont le pas, le trot, le galop , et rien de
    plus, comme de simples biques françaises.
         Mais , si on voyage sans danger dans les vastes domaines
    de la République icarienne , et même sans mal de mer , M.
    Cabet l'ayant supprimé , on y voyage aussi sans argent. Dès
     la sixième page du livre, il est écrit :
         « L'usage de la monnaie est interdit aux individus , depuis
     que le bon Icar nous a délivrés de cette peste, »
         Il est à observer , toutefois , que , si cette peste est interdite
     aux individus, l'état se l'inocule sans danger , car en arri-
     vant en Icarie , le voyageur est admis à verser, une fois
     pour toutes , une somme assez ronde , proportionnée au
     temps du séjour , et moyennant laquelle , il trouve toujours
     et partout bon souper , bon gîte , et le reste (1) !
         Cela fait, et sans bourse délier de nouveau , on peut voya-
     ger en tous sens, et 1''Icarie est vaste comme la pensée.
         M. Cabet a non-seulement perfectionné les steamers et les
      chemins de fer ; mais il a découvert un agent plus puissant
     que la vapeur, produit par le sorub ( voir le dictionnaire ica-
      rien ) matière plus abondante que le charbon , qui va faire
      une révolution dans l'industrie.
         Je souhaite à ia France , non pas une nouvelle révolution,
      même industrielle, — c'est bien assez de révolutions, — mais

       (1) Deux cents guinées pour quatre mois, pour un voyageur et sou domes-
    tique : c'est le tarif.




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