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                   LA TENTATION.                        283
Au mortel, investi d'un humble ministère ,
A qui restent permis les amours de la terre ;
Qui n'ayant à porter que sa part de douleur
Ignore encor le poids de l'esprit du Seigneur !
Heureux l'homme inconnu, sans mission jalouse,
Qui prendrait sous ce toit sa sœur et son épouse,
Et dotant ce vieillard de rejetons nombreux
D'un sort pareil au sien se flatterait pour eux !
Mais Dieu donne au prophète une loi plus sévère
Et lui défend les fleurs qui bordent son calvaire.
Quand l'homme avec sa croix porte les croix d'autrui
Ce qui fait nos vertus est un piège pour lui.
L'amour qui purifie et soutient nos cœurs frêles
Souille un cœur de lévite et fait tomber ses ailes.


Or Jésus approchait, à tous les yeux caché
Par le buisson en fleurs sur le chemin penché ;
Au travers il peut voir la cour hospitalière
Où parle en ce moment une voix familière.
Près du char des faneurs ployant sous l'heureux faix
Le vieillard déliait ses taureaux satisfaits ;
Et devant lui sa fille , ignorant qu'à cette heure
Le bonheur qu'elle rêve échappe à leur demeure
S'offrait en souriant au baiser du matin.
Le platane ombrageait leur rustique festin.
Ah ! si l'hôte adoré se détourne et se montre
Comme ces cœurs joyeux iront à sa rencontre.
Comme ce mot : toujours ! dit par lui sur le seuil
Du bonheur des élus payera leur accueil !
11 le sait et, près d'eux, il sent bien en lui-même
Qu'on peut se faire un ciel de la terre où l'on aime.
Plus loin c'est un combat librement entrepris,
Ici c'est le repos entre des bras chéris.
Un cœur est là qui s'ouvre et, penché vers sa lèvre,
Demande à lui verser le flot dont il se sèvre ,