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                         DK LA FJRANCE.                       437

nîsme, lui manquait pour achever ce travail. Elle avait conçu
par l'égoïsme l'idée sainte de l'unité du genre humain et
voulut la réaliser par la force. Il était réservé à une nation
chrétienne de concevoir cette idée par le dogme de la charité ,
et de la poursuivre par le dévoûment. Toute l'histoire de la
France, jusqu'à nos jours , prouve qu'elle avait accepté cette
mission ; pour l'accomplir, elle avait hérité de Rome la
vertu militaire, le génie pratique et le génie du droit, enfin
la puissance assimilalrice.
    L'esprit français excelle à s'emparer d'une idée confuse en-
core dans l'esprit d'un autre peuple, à la dépouiller de son
enveloppe individuelle pour la présenter sous son aspect le
plus abstrait et le plus humain. Cette faculté, poussée à si
haut point, tient sans doule en parlie à l'organisation phy-
siologique de notre race constituée en vue de l'assimilation
et de l'universalité; mais elle provient aussi beaucoup de son
éducation et de ses traditions, et, dans cette éducation, tout
ce qui ne vient pas du christianisme vient de Rome et de la
Grèce. Le sentiment de liberté et d'humanité, qui s'est déve-
loppé avec tant de puissance dans l'esprit français, était con-
tenu en germe dans la Grèce, il nous est arrivé avec les con-
quérants romains et par l'intermédiaire du christianisme en-
richi des lettres et de la civilisation antiques.
    Notre nationalité s'est formée par l'expulsion des éléments
germaniques au profit des éléments gallo-romains. Pendant
 toute la durée du moyen-âge, le génie germanique et le
génie gallo-romain se sont trouvés en présence sur le sol de
 la France ; les communes en face des seigneurs , la cité en
face de la caste , le droit écrit en face des coutumes , l'unité
 d'empire, l'idée monarchique en face de l'individualisme aris-
 tocralique, la milice pacifique des clercs et des légistes en face
 de la turbulente féodalité. Il y a plus de deux siècles que la
 victoire est décidée.