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SORTIE DES LYONNAIS. 297 pects, et j'étais connu trop généralement: j'avais à craindre la dénonciation de ceux mômes qui délivraient les passe-ports à Lyon. Toutes ces circonstances mefirentrenoncer au projet de sortir et me décidèrent à retourner à Sainte-A.... A cet effet, il fut convenu qu'on viendrait me chercher le 10 août ; présumant que les visites et les recherches seraient finies dans ce village à celte époque , mon hôte consentit à ces arran- gements. Il parut assez tranquille les premiers jours, il me fit faire connaissance avec deux de ses voisins qui avaient marché contre Lyon, ils étaient tous deux patriotes mais incapables de mauvais procédés ; ils parlaient souvent de moi et de ma petite armée: lors de notre sortie, ils avaient refusé de mar- cher contre nous et désapprouvaient hautement toutes les horreurs dont ils avaient été témoins. Le cinquième jour, je vis de l'humeur à mon hôte, tout lui donnait des craintes, il ne me parlait plus ; sa femme faisait mon lit et mon omelette, car je n'avais que cette nourriture et je ne les voyais ni l'un ni l'autre; j'habitais une chambre au-desssous d'eux, je ne pouvais marcher sans être entendu des étrangers qui pouvaient venir, de manière que j'étais obligé, très-souvent, de demeurer une partie de la jour- née sur mon méchant lit. C'est l'époque la plus triste et la plus scabreuse où je me sois trouvé ; la terreur était au comble, les recherches et les arrestations se multipliaient, il ne me restait que bien peu d'espoir de me retirer d'une si- tuation aussi cruelle, mon ami de Sainte-A..., ne venait pas me chercher, le temps fixé était écoulé. Je redoutais mon hôte dont l'humeur ne cessait plus; je cherchais à l'intéresser en ma faveur : j'y parvins en lui donnant à dîner ainsi qu'à ses amis; il fut convenu que je resterais encore trois jours chez lui; que, passé ce temps, il me conduirait à cinq lieues, et que de là je dirigerais ma course où bon me semblerait : j'avoue que j'étais très-peu rassuré par de telles proposi-