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298 SORTIE DES LYONNAIS. tions. Cependant je venais d'apprendre la chute de Robes- pierre et de sa faction, elle avait produit un assez bon effet dans le canton et y avait arrêté le cours des recherches et des visites domicilières. Mon espoir se ranima un peu. Le lende- main du repas donné à mon hôte, je vis arriver mon ami de Sainte-A..., je le reçus comme mon libérateur, et, la môme nuit, je me mis en route avec lui, mon vigneron m'accompagna pendant plus de deux lieues, et me donna des marques d'in- térêt qui me prouvèrent que je n'avais rien à craindre de sa part. Je marchai toute la nuit, et à la pointe du jour, j'arrivai chez mon ami H..., à demi lieue de Sainte-À..., j'y passai un jour et une nuit, et de là , je fus rejoindre mon premier hôte, je crus devoir redoubler de précaution en re- venant dans un pays auquel je devais tant; nous convînmes de garder le plus grand secret sur mon retour, et de ne le confier qu'a nos plus intimes amis, du nombre desquels était le bon de L..., mon architecte et mon barbier. Cet arrange- ment, à la vérité, me privait de la société de mes connais- sances les plus utiles, mais il devenait nécessaire à la sûreté du canton, qu'il était de mon devoir de ne pas chercher à compromettre en aucune manière; je craignais surtout que les prêtres ne voulussentse servir de moi et opérer un rassem- blement qui alors n'aurait servi qu'à perdre totalement le pays. J'ai bien reconnu ensuite l'utilité de mes précautions ; car ils ont effectivement cherché à me découvrir et voulaient me faire entrer dans leur vue ; je voulais enfin rompre toute correspondance avec mes amis de Saint-J..,, heureusement pour moi je n'y ai pas réussi, car c'est à la connaissance qu'ils ont eu de ma retraite, que j'ai dû le moyen de sortir du royaume. Je fis faire chez mon hôte une petite cachette fort saine et fort chaude pour y pouvoir passer l'hiver, j'en avais une autre chez mon barbier, j'avais aussi plusieurs refuges