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CHRONIQUE. Le Palais-de-Justice vient de s'enrichir d'une œuvre impor- tante de sculpture ; c'est un bas-relief de grande dimension placé au-dessus de la porte de la Cour d'assises dans la belle salle des Pas-Perdus. On y retrouve toutes les qualités qui distinguent le ciseau de notre compatriote, M. Legendre-Héral. Il est à regretter que la nature du sujet ait imposé à l'ensemble du morceau une certaine froideur. Faut-il renoncer à espérer que l'imagination de nos sculpteurs trouve jamais d'autres motifs à développer que des allégories mythologiques qui ne parlent ni à nos croyances » ni à nos mœurs , ni même à notre érudition classiques, car ja- mais ces personnages ne sont complètement fidèles à la tradition grecque, sans être pour cela complètement inventés ? Est-ce qu'à défaut d'une scène tirée de l'histoire nationale, puisqu'il est trop vrai que tous les costumes modernes prêtent peu à la sculpture, l'ancien et le nouveau Testament ne fournissent pas en abon- dance des sujets qui seraient compris et sentis de tous? Que l'on n'objecte pas la tiédeur actuelle des croyances ; grâces à Dieu, il y a encore plus de gens qui croient plus à la Vierge et aux Apôtres qu'à Triptolème et à Cérès. Le peuple au moins saurait de quoi il s'agit dans une œuvre d'art. Puisque l'horrible prosaïsme de nos habitudes actuelles interdit à l'artiste les actions contempo- raines , sous peine d'avoir à représenter d'affreux habits noirs, au moins faut-il chercher ce qui est le plus accessible à tous, après les scènes de notre temps, et ce sont sans contredit les grandes scènes du Christianisme. Les artistes devraient le com- prendre, quelles que soient, du reste, leurs idées religieuses. Plu- sieurs croiraient faire une œuvre surannée et renouvelée du moyen-âge; mais, en fait de suranné, les nymphes le sont-elles moins que les anges, et au moins les anges existent pour les neufs dixièmes des spectateurs. Nous n'avons pu nous einpê-