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192 S0RT1H DES LYONNAIS.
prisonniers, et, malgré sa position affreuse, malgré tout ce
qu'il avait souffert, malgré le sort qui attendait (il n'en pouvait
douter) tout ce qu'il avait laissé de cher dans Lyon, quoique
la mort eût été donnée sur le champ aux prisonniers qu'on
lui avait fait pendant le siège, tandis qu'il traitait avec dou-
ceur ceux qu'il faisait, veillait lui-même à leur sûreté, les
défendait contre quelques individus, justement irrité du trai-
tement commis sur un père, peut-être, ou sur un frère qu'il
traitait comme ses concitoyens, ses blessés, dans cet hôpital
qu'Attila même eût respecté, et qu'un Dubois-Crancô se
vanta d'avoir donné pour but à ses cannoniers, malgré tous
les motifs que pouvait lui suggérer la vengeance, leLyonnais,
toujours maître de lui, laissa sa vie à son ennemi dont il se
contenta de briser les armes.
Ma cavalerie et mes chasseurs, formant le corps de l'avant-
garde, m'avaient rejoint dans le village de Saint-Rambert,
après avoir essuyé dans leur marche un feu très-vif, mais
j'étais inquiet de mon arrière-garde. Je me portais en arrière
de ma colonne, et je la vis qui débouchait à quatre cents pas
de moi, et, marchant en bon ordre, je fus alarmé de cet inter-
valle; je ne pouvais cependant aller à elle, ni l'attendre. Je ga-
gnai la tête de mon avant-garde qui attaquait les postes ennemis.
Ces postes furent tous forcés; cependant, farrière-garde
n'arrivait pas. Mes alarmes redoublèrent, elles n'étaient que
trop fondées. M. du Roux, un de mes aides-de-camp, qui
me rejoignit après le village de jjaint-Cyr, m'apprit qu'elle
devait avoir été coupée à l'entrée de Saint-Rambert, et que son
retard avait été occasionné par l'explosion d'un caisson auquel
un obus avait mis le feu, en débouchant de la Claire. VoilÃ
les seuls renseignements que j'aie eus sur ce corps. M. du
Roux avait lui-même couru les plus grands dangers au
village de Saint-Rambert. Il commandait la pièce de l'artille-
rie qui suivait le corps du centre. Attaqué à l'entrée du