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SORTIE DES LYONNAIS. 193
village par un corps supérieur au sien, il ne s'était dispersé
qu'après une vive résistance, et forcé d'abandonner sa pièce.
Je présume que ce corps ennemi était composé des différents
postes que j'avais déjà battus,- et qui s'étaient ralliés près
du village. Il avait probablement encore reçu des secours
du camp de Limonest, comme je l'avais craint, et il se trouva
assez fort pour arrêter et pour couper mon arrière-garde.
Mon projet était de passer la Saône au-dessous de Trévoux,
de gagner le département du Jura et les montagnes de
Saint-Claude qui touchent à la Suisse. Les chemins étroits
de Saint-Rambert et de Saint-Cyr relardaient ma marche,
mais j'étais forcé de les prendre pour éviter le camp de Limo-
nest. Le terrain que j'avais ensuite à traverser m'était avanta-
geux, mais il fallait marcher rapidement, et n'avoir rien à sa
suite. La seule pièce de quatre que j'avais avec moi, et dont
l'essieu finit par se rompre, retarda ma marche de deux
heures : temps bien précieux !
Après avoir traversé le village de Saint-Cyr, et une heure
environ de marche après, mes malheureux camarades se
livrèrent à la joie. Leur peu d'expérience les empêchait de
voir que le danger était loin d'être passée. Tous se félicitaient
et plaignaient ceux qui étaient restés dans Lyon. Que mes
réflexions étaient différentes et pénibles ! mon arrière-garde
coupée, mes canons enlevés ou abandonnés. Je prévis dès-
lors qu'il y avait peu de probabilité de nous sauver.
Nous marchâmes environ près d'une lieue sans rien aperce-
voir, lorsque, vers une heure, il parut en arrière une tête de
colonne ; tous se mirent aussitôt à crier que c'était l'arrière-
garde, mais c'était l'ennemi. Des colonnes de cavalerie, d'in-
fanterie, d'artillerie débouchèrent. A cette vue toute ma troupe
jeta un cri : Gagnons les hauteurs. Je voulus envain la retenir
et y maintenir Tordre.
Arrivé sur la hauteur, je portai rapidement en avant la ca^
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