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NÉCROLOGIE.
MOUT DE M. A I M É MARTIN.
Le 23 juin 1847, ont eu lieu à Paris, au milieu d'un nombreux
cortège d'amis, les obsèques d'un homme excellent dans les lettres
et excellent par le cœur, M. Aimé Martin. On remarquait dans la
foule de ses amis pressés autour de sa dépouille mortelle, MM.
Jules Janin, Villemain, Belloq, le général Gazan, Pelletan, Chasles,
un grand nombre d'hommes de lettres, d'hommes politiques, d'ar-
tistes éminenls ! Sur le bord de la fosse où fut enseveli Bernardin de
Saint-Pierre et où fut déposé André Chénier, M. de Lamartine, l'ami
le plus intime de M. Aimé Martin, a été prié d'exprimer le senti-
ment unanime. Il l'a fait en ces termes :
« Nous voici arrivés auprès de la tombe de l'immortel auteur
de Paul et Virginie et des Etudes de la Nature, pour déposer le
disciple à côté du maître.
« Je n'ai jamais parlé en face d'un cercueil. Quand l'homme
entre par celte porte mystérieuse dans l'immortaliie, aucun bruit
de la terre ne doit le suivre, selon moi, excepté le bruit des pas de
ses amis qui l'accompagnent jusqu'au seuil. Il y a entre ces deux
vies, dont l'une commence, dont l'autre finit au bord de celte fosse,
un abîme qu'aucune parole humaine ne peut franchir. Sur cette
limite de l'infini tout paraît petit, même ce qu'il y a de plus grand